Will, pilote indien Cree, est plongé dans le coma après une agression. Annie, sa nièce, est revenue d’un long et pénible voyage afin de veiller sur lui. Dans la communion silencieuse qui les unit, se lisent leurs drames et conflits les plus secrets. Prend alors forme une magnifique fresque, individuelle et familiale, qui nous entraîne de l’immensité sauvage des forêts canadiennes aux gratte-ciel de Manhattan.
Joseph Boyden fait partie pour moi des auteurs bien trop sous-cotés. Je l’ai découvert en 2017 avec Le chemin des âmes, un roman saisissant sur l’engagement des Indiens du Canada pendant la Première guerre mondiale. Le cadre des Saisons de la solitude est plus moderne, mais le roman repose toujours sur un récit à deux voix.
J’ai découvert avec Celui qui veille Louise Erdrich, une auteure américaine incontournable de la littérature amérindienne. Elle a remporté pour ce roman le prix Pulitzer.
Dakota du Nord, 1953. Thomas Wazhashk, veilleur de nuit dans l’usine de pierres d’horlogerie proche de la réserve de Turtle Mountain, n’est pas près de fermer l’œil. Il est déterminé à lutter contre le projet du gouvernement fédéral censé « émanciper » les Indiens, car il sait bien que ce texte est en réalité une menace pour les siens. Contrairement aux autres jeunes employées chippewas de l’usine, Pixie, la nièce de Thomas, ne veut pour le moment ni mari ni enfants. Pressée de fuir un père alcoolique, insensible aux sentiments du seul professeur blanc de la réserve comme à ceux d’un jeune boxeur indien, elle brûle de partir à Minneapolis retrouver sa sœur aînée, dont elle est sans nouvelles. Pour « celui qui veille », n’ayant de cesse d’écrire aux sénateurs dans le but d’empêcher l’adoption de la loi, quitte à se rendre lui-même à Washington, comme pour Pixie, qui entreprend le premier voyage de sa jeune existence, un long combat commence. Il va leur révéler le pire, mais aussi le meilleur de la nature humaine.
Celui qui veille est un roman éminemment politique, engagé pour la défense des droits des amérindiens. A travers le personnage de Thomas Wazhashk, inspiré du grand-père maternel de Louise Erdrich, l’auteure nous sensibilise aux enjeux de préservation des terres et des cultures face aux politiques de « termination » menées par le gouvernement fédéral américain.
Depuis mon coup de cœur pour Les Débutantes il y a quelques années, j’avais en tête de lire les autres œuvres de J. Courtney Sullivan. C’est enfin chose faite avec Les liens du mariage.
De 1947 à 2013 : Frances, Evelyn, James, Delphine et Kate – cinq destins s’entrecroisent sans savoir ce qui les lie. De Frances, pionnière de la publicité dans les années 1940 qui a sacrifié sa vie amoureuse au profit de sa carrière, à Kate, jeune femme des années 2000 qui a arrêté de travailler pour s’occuper de sa fille, tout en fuyant le mariage, J. Courtney Sullivan retrace les évolutions du couple depuis soixante ans. Elle détaille avec minutie les variations de la vie à deux et nous plonge comme à son habitude dans les pensées de ses personnages.
Le roman est original en ce qu’il a pour thème l’industrie du mariage et plus largement l’évolution du mariage des années 50 à nos jours. Ainsi, son intérêt réside davantage dans le sujet traité que dans les personnages en eux-mêmes, puisque chaque personnage représente une époque ou une vision du mariage. Le roman est également très instructif sur la situation des femmes dans les années 50, 60 et 70.
Les liens du mariage est construit comme un roman choral, autour du point de vue de cinq personnages.
Les lendemains, choisi au hasard en librairie pendant mes vacances, a fait partie sans conteste de mes meilleures lectures de 2021. Presque un an après tout pile, je retrouve l’auteure avec son premier roman, Tout le bleu du ciel.
Petitesannonces.fr : Jeune homme de 26 ans, condamné à une espérance de vie de deux ans par un Alzheimer précoce, souhaite prendre le large pour un ultime voyage. Recherche compagnon(ne) pour partager avec moi ce dernier périple. Émile a décidé de fuir l’hôpital, la compassion de sa famille et de ses amis. À son propre étonnement, il reçoit une réponse à cette annonce. Trois jours plus tard, devant le camping-car acheté secrètement, il retrouve Joanne, une jeune femme coiffée d’un grand chapeau noir qui a pour seul bagage un sac à dos, et qui ne donne aucune explication sur sa présence. Ainsi commence un voyage stupéfiant de beauté. À chaque détour de ce périple naissent, à travers la rencontre avec les autres et la découverte de soi, la joie, la peur, l’amitié, l’amour qui peu à peu percent la carapace de douleurs d’Émile.
Mélissa Da Costa a encore frappé fort et juste.
Il suffit de lire le résumé pour comprendre que l’histoire s’annonce bouleversante. Mais encore s’agit-il de mener cette histoire sans tomber dans le pathos ni assommer le lecteur par un récit trop déprimant. L’auteure réussit son pari avec brio en nous entraînant dans un road-trip de la dernière chance.
Bien que cela fasse longtemps que je n’ai pas posté d’avis sur ses livres ici, j’aime beaucoup ce que fait Liane Moriarty et je lis ses différents romans au fil des sorties. Vous pouvez retrouver deux chroniques sur le blog : Petits secrets, grands mensonges et Le secret du mari.
Je dois avouer que j’ai bien du mal à suivre le rythme de parution, quasi un nouveau roman par an ! [En réalité, il s’agit du rythme des parutions françaises : après le succès des premiers livres sortis ici, les éditeurs se rattrapent et publient toute sa bibliographie, les « nouveautés » sont donc pour certains en réalité des livres écrits au début des années 2000.] J’en suis à mon quatrième roman de l’auteure avec Neuf parfaits étrangers, paru en poche en 2021.
Neuf citadins stressés, prêts pour un break dans une sublime station thermale. Le Tranquillum House leur propose, grâce à une approche révolutionnaire, de renouer avec l’énergie positive pour prendre un nouveau départ. Coupés du monde extérieur, délestés de leurs portables, tous s’attendent avec impatience à une transformation totale. Au fur et à mesure de la cure, entre méditation, tai-chi et techniques de bien-être, les langues se délient, les secrets enfouis resurgissent, les animosités aussi. On leur avait promis la quiétude et le renouveau, c’est le lâcher-prise qui s’installe… mais pas celui auquel ils s’attendaient.
Un des reproches que je faisais aux romans de Liane Moriarty, surtout après en avoir lu plusieurs, était qu’ils se ressemblaient un peu tous, avec le même style de personnages, les mêmes thèmes : des mères de famille, des secrets, la pression sociale, les apparences que chacun préserve en société, les relations familiales ou de voisinage… Je finissais par être un peu déçue de lire des histoires qui réutilisaient les mêmes ingrédients.
Après avoir eu un coup de cœur pour Mon désir le plus ardent, j’avais hâte de découvrir le reste de l’œuvre de Pete Fromm. Je dois dire que, si ça a été une bonne lecture, je ne l’ai pas trouvé à la hauteur du premier.
Marnie et Taz ont tout pour être heureux. Jeunes et énergiques, ils s’aiment, rient et retapent ensemble leur modeste maison de Missoula, dans le Montana. Lorsque Marnie apprend qu’elle est enceinte, leur bonheur est parfait. Mais Marnie meurt en couches, et Taz se retrouve seul face à un deuil impensable, avec son bébé sur les bras. Il plonge alors tête la première dans le monde inconnu et étrange de la paternité, un monde de responsabilités et d’insomnies, de doutes et de joies inattendus.
Malgré le sujet qui s’annonçait bouleversant, je n’ai pas réussi à être aussi touchée que dans Mon désir le plus ardent. Le problème ici vient à mon sens du personnage de Taz, que l’on a du mal à saisir, et du manque d’émotion apportée par l’auteur. Les dialogues sont assez plats et expriment peu de sentiments. Taz a une attitude fuyante ; il a tendance à rejeter son entourage et à se couper du monde, se livre peu. Bien sûr on conçoit sa réaction face au drame qui le frappe, mais cela n’aide pas à comprendre le personnage. Il est d’autant plus difficile de s’attacher à lui, de s’identifier ou de compatir à sa peine.
On se retrouve aujourd’hui pour parler littérature irlandaise avec John Boyne, que j’ai découvert grâce à son roman Les fureurs invisibles du cœur.
Cyril Avery n’est pas un vrai Avery et il ne le sera jamais – ou du moins,c’est ce que lui répètent ses parents adoptifs. Mais s’il n’est pas un vrai Avery, qui est-il ? Né d’une fille-mère bannie de la communauté rurale irlandaise où elle a grandi, devenu fils adoptif d’un couple dublinois aisé et excentrique par l’entremise d’une nonne rédemptoriste bossue, Cyril dérive dans la vie, avec pour seul et précaire ancrage son indéfectible amitié pour le jeune Julian Woodbead, un garçon infiniment plus fascinant et dangereux.
Balloté par le destin et les coïncidences, Cyril passera toute sa vie à chercher qui il est et d’où il vient – et pendant près de trois quarts de siècle, il va se débattre dans la quête de son identité, de sa famille, de son pays et bien plus encore.
Alerte coup de cœur pour ce roman que j’ai dévoré et qui m’a donné envie de découvrir le reste de l’œuvre de John Boyne !
Les fureurs invisibles du cœur s’ouvre sur l’humiliation subie par Catherine, bannie de sa communauté pour être tombée enceinte à 16 ans, et son arrivée à Dublin. Puis c’est son fils, Cyril, adopté par les Avery, que l’on verra grandir.
Des mois après ma lecture, voilà que je trouve enfin le temps de vous parler de Mon désir le plus ardent, un roman bouleversant servi par la plume magnifique de Pete Fromm.
Maddy s’était juré de ne jamais sortir avec un garçon du même âge qu’elle, encore moins avec un guide de rivière. Et puis elle rencontre Dalt, et plus rien ne compte. À vingt ans, Maddy et Dalt s’embarquent dans une histoire d’amour absolue et explosive. Mariés sur les berges de la Buffalo Fork, dans le Wyoming, ils vivent leur passion à cent à l’heure et partent créer leur entreprise de rafting dans l’Oregon. Très vite, ils décident de fonder une famille. Mais l’enfant qu’ils désirent de tout leur coeur tarde à venir. Un jour, alors que Dalt est en expédition en Mongolie, Maddy apprend une nouvelle qui bouleverse son existence.
[Le résumé ci-dessus provient de la quatrième de couverture de la version poche. Je vous déconseille de lire la quatrième de couverture du grand format (repris dans le résumé Livraddict), qui spoile la majeure partie de l’histoire.]
On se retrouve aujourd’hui avec un roman rafraîchissant, drôle et émouvant – tout ce qu’il nous faut pour cet été !
» Association sikhe recherche animatrice pour atelier d’écriture réservé aux femmes. » La bonne aubaine pour Nikki, Londonienne de vingt-deux ans, en quête désespérée d’un petit boulot.
Mais alors qu’elle pensait former des apprenties romancières, Nikki se retrouve face à un public inattendu : une dizaine d’Indiennes, de tous âges, majoritairement veuves, souvent analphabètes et dotées d’une imagination très, très fertile. Écrire ? Pensez-vous ! Elles, ce qu’elles veulent, c’est raconter : le choc culturel, la vie de famille, l’éducation des enfants. Raconter encore l’amour, le sexe et tous ces fantasmes enfiévrés qui leur traversent si souvent l’esprit. Raconter aussi la solitude, la soumission aux hommes, la violence, parfois.
Alors que la fréquentation de ce club débridé augmente de semaine en semaine, Nikki s’interroge : comment porter ces histoires au-delà des murs de la maison de quartier ? La jeune étudiante a une idée. Mais libérer la parole des femmes n’est jamais sans danger…
Près de deux mois après ma lecture, je trouve enfin le temps de vous parler du Club des veuves qui aimaient la littérature érotique.
Je ne m’attendais pas à grand chose d’autre qu’une lecture légère sans prétention en ouvrant ce roman, mais laissez-moi vous dire que j’ai A-DO-RE !
Je vous retrouve aujourd’hui pour vous parler d’un des derniers romans de Jodie Picoult (je croyais que c’était le dernier mais c’est une auteure très prolifique et un autre est sorti en avril !).
Quand une prise d’otages a lieu dans la dernière clinique du Mississipi à pratiquer l’avortement, c’est à Hugh McElroy, un négociateur de crise expérimenté, que l’on fait appel. Avec plusieurs blessés nécessitant des soins et un forcené dont les revendications restent floues, la situation s’avère délicate à gérer. Elle le devient encore davantage quand Hugh apprend que sa fille adolescente se trouve à l’intérieur du bâtiment.
Si vous suivez le blog depuis longtemps, vous savez que Jodie Picoult fait partie de mes auteurs incontournables. J’ai adoré A l’intérieur (réédité sous le titre A fleur de peau) et La tristesse des éléphants, et j’ai été marquée par la réflexion portée dans Mille petits riens.
Si l’auteure a écrit des romans assez diversifiés, Une étincelle de vie s’inscrit dans la même veine que Mille petits riens, c’est-à-dire l’analyse d’un sujet de société. Après avoir traité du racisme, Jodie Picoult s’attaque à la question de l’avortement, qui suscite encore aujourd’hui énormément de débats et d’affrontements idéologiques aux Etats-Unis, entre conservateurs et partisans des droits des femmes.