La vie rêvée des chaussettes orphelines, Marie Vareille

Marie Vareille s’est hissée pour moi au rang des valeurs sûres. Après Le syndrome du spaghetti et Ainsi gèlent les bulles de savon, elle m’a une nouvelle fois convaincue !

La vie rêvée des chaussettes orphelines est une histoire de sœurs et une histoire de reconstruction.

Je l’ai dévoré, exactement comme le roman précédent que j’avais lu de l’auteure. Il m’a d’ailleurs sortie de la presque-panne-de-lecture dans laquelle m’avait plongée le classique que j’avais lu avant (un pavé que je ne suis pas sûre de finir !).

Marie Vareille a un don pour écrire des histoires qui nous parlent et nous touchent, avec des personnages attachants, tout en abordant des sujets sensibles avec beaucoup de justesse – ici l’anxiété, le deuil, l’infertilité. Je ne m’attendais pas à ce dernier sujet, car le résumé ne le laissait pas présager, mais il occupe une place assez importante par le biais du journal intime d’Alice, le personnage principal, dont des extraits datés 7 ans plus tôt émaillent le récit. Elle y raconte ses difficultés à tomber enceinte, la douleur et l’obsession qui en résultent, lui gâchent la vie et pèsent sur son couple. Voir un personnage se livrer sans filtre dans une période compliquée de sa vie ne peut que nous toucher. Elle y raconte également sa relation avec sa sœur, si différente d’elle – rebelle, musicienne passionnée et acharnée à réaliser son rêve de devenir une star du rock – et si mal aimée par sa mère.

Dans le présent, nous retrouvons Alice à Paris. Célibataire et sans enfant, elle vit seule et s’apprête à débuter un nouveau job, purement économique. Dès lors, beaucoup de questions taraudent le lecteur. Que lui est-il arrivé ? A-t-elle renoncé à son désir d’enfant ou dû abandonner suite aux échecs ? Ses difficultés à concevoir ont-elles eu raison de son couple ? Quel drame a pu la plonger dans une telle détresse ?

Car l’on découvre le personnage d’Alice fragile, rongée par l’angoisse et la culpabilité, qu’elle tente de combattre à coup de règles et de rituels, de calmants et de somnifères. Une vie simple, bien réglée, seule et entourée de barrières, refusant de se lier aux autres et de mettre en danger sa routine, tentant de ne pas trop réfléchir au passé. Pourtant, son embauche plus qu’improbable dans une start-up dédiée à réunir les chaussettes orphelines, nouvelle lubie d’un entrepreneur qui collectionne les échecs, pourrait bien l’aider à se reconstruire. Cette idée loufoque apporte une touche d’humour au roman et un lot de personnages secondaires hauts en couleurs et attachants, à travers cette bande de collègues atypiques.

Marie Vareille a surtout un talent pour construire ses histoires avec ingéniosité, entretenir le mystère sur ses personnages et sur leur destin. La combinaison de l’attachement aux personnages bien dessinés et du suspens autour de leurs secrets et leur passé ne peuvent que nous faire tourner les pages le plus rapidement possible. Je me suis totalement laissée surprendre par la révélation finale qui donne un autre sens au roman, même si j’aurais aussi apprécié le roman sans (il aurait certes été plus classique mais suffisait à me convaincre !). Bref, je m’incline face à ce récit parfaitement mené du début à la fin !

Un roman contemporain prenant, porté par une intrigue finement construite et la sensibilité de ses personnages, malmenés par la vie. Un bel hommage, aussi, à l’amour fraternel ainsi qu’à l’amitié dans les épreuves.

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