Nord et Sud, Elizabeth Gaskell

On reste dans la littérature victorienne avec Nord et Sud, le chef d’œuvre d’Elizabeth Gaskell. Et dire que je ne l’ai pas découvert plus tôt !

Après une enfance passée dans un village riant du Hampshire, Margaret Hale, fille de pasteur, s’installe dans une ville du Nord. Témoin des luttes entre ouvriers et patrons, sa conscience sociale s’éveille. John Thornton, propriétaire d’une filature, incarne tout ce qu’elle déteste : l’industrie, l’argent et l’ambition. Malgré une hostilité affichée, John tombera sous son charme.

On pourrait décrire ce roman assez simplement comme une romance sur fond de Révolution industrielle en Angleterre. La dimension industrielle, justement, tranche avec le cadre habituel des romances telles qu’on peut les retrouver chez les sœurs Brontë ou Jane Austen. Ainsi, les enjeux économiques et sociaux sont au cœur du récit.

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La trace du serpent, Mary Elizabeth Braddon

Elle est présentée comme l’alter-ego féminin de son contemporain, Wilkie Collins. Il ne m’en fallait pas plus pour découvrir Mary Elizabeth Braddon !

Le jeune Richard Marwood, injustement accusé du meurtre de son oncle, se retrouve condamné à l’enfermement à vie dans l’asile d’aliénés du comté. Mais au bout de huit ans, il parvient à s’échapper avec une seule idée en tête : retrouver les vrais coupables. Son chemin va croiser celui de Jabez North, orphelin et manipulateur voué au crime, que rien ne semble pouvoir arrêter ; Valérie de Cévennes, une riche héritière tombé dans son piège diabolique ; et Mr Peters, un détective muet qui traduit ses brillants raisonnements dans le langage des signes…

En préambule, laissez-moi vous dire qu’il faut être motivé pour lire La trace du serpent ! Le roman n’est édité que par Archipel et n’est disponible qu’en occasion.

Peu connue de nos jours, Mary Elizabeth Braddon est pourtant une auteure phare de l’époque victorienne, pionnière, avec d’autres, du roman à suspens. Et effectivement, j’ai retrouvé un style similaire à celui de Wilkie Collins dans La pierre de lune, entre roman policier et intrigues familiales.

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La pierre de lune, Wilkie Collins

Le mois dernier, j’ai dévoré La pierre de lune et ses quelques 600 pages. Il faisait partie de ma liste de classiques à lire en 2021, car je voulais absolument découvrir le fameux Wilkie Collins. Autant vous dire que je vais de ce pas ajouter une autre de ses œuvres pour mon programme de 2022 !

Je ne regrette pas mon choix car j’ai été très agréablement surprise par la modernité, le dynamisme et finalement la facilité d’accès de ce classique.

Voilà l’exemple parfait pour démontrer qu’un classique n’est pas forcément ennuyant, et qu’il peut même être carrément addictif !

Le colonel Herncastle, officier de l’armée des Indes, connaissait la malédiction de la pierre de lune, lorsqu’il déroba ce diamant au front d’un dieu hindou. C’est pourtant ce mystérieux bijou, ayant traversé les siècles sous la protection de trois brahmanes, qu’il va offrir à sa nièce, l’impétueuse Rachel Verinder, pour ses dix-huit ans… Lors de la soirée d’anniversaire, trois jongleurs indiens s’introduisent dans le parc. Dès le lendemain matin, on découvre que le joyau, enfermé dans un tiroir de la chambre de Rachel, a disparu. Un majordome insoupçonnable, une vieille fille, un usurier, des avoués, une voleuse repentie et des médecins trop bavards… Tous donnent le change au redoutable sergent Cuff, meilleur limier de la Met, tandis que les deux cousins de Rachel s’affrontent pour obtenir sa main…

Paru en 1868, La pierre de lune est considéré comme l’un des premiers romans policiers, pionnier du genre.

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David Copperfield, Charles Dickens

Après avoir découvert une bonne partie de l’œuvre de Dickens – je vous ai déjà parlé du Mystère d’Edwin Drood, des Grandes Espérances et d’Un chant de Noël – je me suis enfin décidée à lire un de ses romans les plus connus, David Copperfield.

David menait une enfance heureuse auprès de sa mère, avant que celle-ci se remarie avec un homme cruel et tyrannique, Mr Murdstone. N’écoutant que son cœur rebelle, il décide de s’enfuir pour retrouver une grand-tante qui pourrait bien s’occuper de lui…

C’est le début d’un voyage tragi-comique vers l’âge adulte, entre amitiés et trahisons, au cours duquel le jeune garçon fera la connaissance de personnages hauts en couleur, issus pour la plupart de milieux populaires.

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J’appréhendais de me lancer dans cette belle brique de plus de 1000 pages – j’ai d’ailleurs coupé ma lecture à la moitié – et malheureusement non sans raison, car ma lecture a été assez laborieuse. Le roman souffre indéniablement de longueurs. J’ai le sentiment que l’auteur aurait pu raconter la même histoire avec moitié moins de pages. Peut-être est-ce dû au format de publication en feuilleton à l’époque – quoi qu’il en soit, on s’attarde sur des détails, on nous tartine des pages et des pages sur des épisodes qui auraient pu n’être qu’anecdotiques. Mon ressenti en a été impacté, et je dois dire que j’ai oscillé entre des moments où j’étais pleinement dans l’histoire et des passages où j’avais du mal à m’empêcher de ne pas sauter de pages.

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La Dame du manoir de Wildfell Hall, Anne Brontë

couv16232902 L’arrivée de Mrs Helen Graham, la nouvelle locataire du manoir de Wildfell, bouleverse la vie de Gilbert Markham, jeune cultivateur. Qui est cette mystérieuse artiste, qui se dit veuve et vit seule avec son jeune fils ? Quel lourd secret cache-t-elle ?

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Peut-on s’arrêter deux minutes pour admirer la couverture de la collection classique collector Archipoche ? Elle me donne juste envie d’acheter tous les autres titres.

Avec ce classique, lu dans le cadre du challenge Solidaires, je reviens un peu à mes premières amours. Au lycée, j’ai découvert la littérature féminine du XIXème siècle, avec Jane Austen et les sœurs Brontë, et ça a été un vrai coup de cœur. Ce sont des classiques qui se lisent facilement, qui ont une vraie modernité dans l’écriture et dans les idées, et mêlent romance et critique sociale. En même temps, il y a le charme de l’ambiance XIXème, de la campagne anglaise, de la haute société londonienne, de l’entrée dans le monde des jeunes filles, entre bals, salons et mariages.

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Ma cousine Rachel, Daphné du Maurier

couv70109870Philip, sans la connaître, déteste cette femme que son cousin Ambroise, avec lequel il a toujours vécu étroitement uni dans leur beau domaine de Cornouailles, a épousée soudainement pendant un séjour en Italie. Quand Ambroise lui écrit qu’il soupçonne sa femme de vouloir l’empoisonner, Philip le croit d’emblée. Ambroise mort, il jure de le venger. Sa cousine, cependant, n’a rien de la femme qu’imagine Philip…

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Il y a bien longtemps, j’avais décidé de participer au challenge Daphné Du Maurier, qui consiste simplement à lire les romans de l’auteur et des livres à son sujet ou inspirés de ses œuvres. J’ai déjà découvert Rebecca (un coup de cœur absolu), Manderley for ever (une biographie très intéressante) et Le Bouc-émissaire (petite déception, une ambiance trop gothique et des personnages trop malsains à mon goût). Il était donc temps de reprendre là où je m’en étais arrêtée, avec le bien connu Ma cousine Rachel. Coïncidence, une nouvelle adaptation cinématographique va bientôt sortir au cinéma !

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Le Mystère d’Edwin Drood, Charles Dickens

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Bonjour à tous !

Je vous retrouve aujourd’hui avec un nouveau roman de Dickens. J’en suis d’ailleurs à mon troisième roman de l’auteur, et je n’ai encore lu ni Oliver Twist ni David Copperfield ! Je crois bien que ça relève de l’exploit haha !

J’ai adoré retrouver la plume de Dickens. Après le temps d’adaptation nécessaire – qui avait rendu ma lecture des Grandes espérances un peu mitigée – le célèbre britannique est en passe de devenir un de mes auteurs favoris.

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Un chant de Noël, de Charles Dickens

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La veille de Noël. tous s’affairent aux préparatifs. Mais, préférant la solitude à ces fêtes joyeuses, Ebenezer Scrooge refuse l’invitation de son neveu et s’enferme chez lui. Pour ce vieil homme avare et solitaire, que tous prennent soin d’éviter, Noël se résume à un simple mot : « Sottise ! » Mais ce soir-là, les esprits de Noël en décident autrement. Entraîné tour à tour dans le passé, le présent et le futur, le vieux grincheux reçoit une leçon de vie. 

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Charlie et la chocolaterie, Roald Dahl

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 Une bonne (ancienne) surprise ♥

 

Je me suis de nouveau plongée dans l’univers de Charlie et Willy Wonka dans le cadre du challenge d’hiver Masscritics pour lequel il fallait « relire un livre que vous aviez aimé quand vous étiez enfant. » J’avoue que j’ai fini cette lecture depuis une éternité, mais je ne me décidais pas à écrire la chronique !

 

Charlie et la chocolaterie

Un classique de la littérature jeunesse que l’on ne présente plus. Charlie Bucket est un petit garçon anglais qui vit dans une toute petite maison avec son père, de sa mère et les quatre grands-parents. Il raffole du chocolat de la célèbre chocolaterie Wonka mais, faute d’argent, il ne peut se procurer qu’une seule tablette par an, le jour de son anniversaire.  Pour protéger sa créativité et ses recettes secrètes, Willy Wonka a fermé sa chocolaterie au public, afin d’éviter l’espionnage industriel. Mais voilà qu’un jour le chocolatier annonce qu’il a glissé, dans 5 tablettes de chocolat vendues dans le monde entier, un ticket d’or qui permettra à celui qui le trouvera de passer une journée dans la chocolaterie et de gagner assez de chocolats et de confiseries pour le nourrir jusqu’au restant de ses jours.

Le livre de Roald Dahl a surtout été popularisé par le film réalisé par Ticharlie-et-la-chocolaterie-dvd.jpgm Burton, avec Johnny Depp dans le rôle de Willy Wonka et Freddie Highmore dans le rôle de Charlie. J’ai été très étonnée de voir, en relisant le livre, à quel point le film était fidèle au livre. C’est très simple : les scènes, les chansons, l’univers, tout y est, et dans l’ordre  ! Le film rajoute même des éléments en plus, en particulier l’histoire personnelle de Willy Wonka qui reste un mystère dans le livre.

L’imagination de Roald Dahl relève du génie : on ne peut être qu’émerveillé devant tous ces chocolats aux multiples saveurs, la rivière en chocolat, le gazon comestible, le chewing-gum qui ne perd jamais de goût et autres caramels et guimauves. C’est un livre qui se savoure aussi bien avec les papilles qu’avec les yeux.

 Le personnage de Willy Wonka dénote par sa folie et son excentricité et tient à lui seul le récit, rythmé par son insouciance et son cynisme. Le halo de mystère qui l’entoure renforce son intérêt. A ses côtés, les irréductibles et non moins loufoques Oompa loompas, peuple miniature venu de contrées lointaines, uniques ouvriers de la chocolaterie qui agrémentent le roman de leurs chansons cinglantes de franchise.

Charlie et la chocolaterie est un livre très manichéen, ce qui est peu étonnant quand on rappelle qu’il est adressé aux enfants.  Parmi les enfants qui remportent le ticket d’or et que l’on va suivre tout au long de la visite de la chocolaterie, seul Charlie apparaît comme l’enfant sage, gentil, obéissant, doté de bonnes intentions, réellement intéressé par la magie de la chocolaterie et sans prétention. Accompagné de son grand-père, il suit à la lettre les consignes de Willy Wonka et n’émet aucune critique. Il est même un peu trop parfait pour être crédible, quand on pense à son sens du sacrifice envers les membres de sa très pauvre famille. Les autres enfants sont l’incarnation d’un défaut pour lesquels ils vont tour à tour être punis : Augustus Gloops, l’enfant dont la gourmandise n’a pas de limites, Violette Beauregard, l’enfant capricieuse et bornée, Veruca Salt, la fille de riches qui obtient tout ce qu’elle veut et croit que tout peut s’acheter, et Mike Teavee, l’enfant addict à la télévision et aux écrans. Le roman est donc aussi l’occasion de rappeler les principes d’une bonne éducation pour éviter de produire un enfant capricieux, pourri-gâté et foncièrement méchant.

=> En bref, un roman qui mérite d’être connu pour l’univers fantaisiste, très imagé et plein d’humour créé par Roald Dahl. Pas de surprise, cependant, pour ceux qui ont déjà vu le film !


Charlie et le grand ascenseur de verre (tome 2)

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Mais ce n’est pas fini, car Roald Dahl a écrit une suite ! Eh oui ! Celle-ci est beaucoup moins connue que le premier tome, car elle n’a pas été adaptée au cinéma.  Charlie et le grand ascenseur de verre est totalement différent du premier tome, que ce soit le cadre, l’univers ou la tonalité. Il semble s’adresser à un public plus large (voire adulte) et prend un sens plus complexe que la petite morale de Charlie et la chocolaterie.

A la fin du premier tome, Willy Wonka offre la chocolaterie à Charlie et souhaite le former pour qu’il devienne son successeur. Il accepte que Charlie emmène avec lui toute sa famille pour s’installer dans la  chocolaterie, y compris ses grands-parents qui ne sortent jamais de leur lit. Les Bucket et Willy Wonka partent alors en voyage dans le grand ascenseur de verre de la chocolaterie…jusqu’au moment où ils atterrissent accidentellement dans l’espace.

Le scénario de ce second tome est assez tiré par les cheveux et m’a personnellement moins convaincue, d’autant que l’on ne retrouve pas l’univers gourmand et magique des chocolats et friandises. Néanmoins il est intéressant d’en remarquer l’aspect politique et historique. Roald Dahl nous rejoue la guerre froide dans un livre pour enfants : la folie de la course à la conquête spatiale, l’absurdité du comportement du président américain, la crainte exagérée pour la sécurité du territoire américain, les Soviétiques désignés d’emblée comme les coupables, si ce n’est la Chine de Mao…

« Tous les yeux étaient rivés sur l’écran  de télé, tandis que le petit objet de verre, fusées allumées, glissait doucement derrière le gigantesque Space Hotel.

-Ils vont arrimer ! hurla le Président. Ils vont aborder l’hôtel !

-Ils vont le faire sauter ! s’écria le chef de l’armée de terre. Faisons-les d’abord sauter, eux ! Crac, boum, patatras, pan pan pan !

Le chef de l’armée de terre portait tant de médailles qu’elles lui recouvraient entièrement la poitrine et descendaient même le long de ses pantalons. »

On retrouve avec ce tome la plume acerbe, assez cynique de Roald Dahl, caractéristique de ses nouvelles pour adultes. Il critique la politique de cette période en tournant sans arrêt en ridicule les personnages. Il se permet aussi des dialogues d’un culot assez remarquable et totalement désabusé grâce au cynisme de Willy Wonka, surtout quand le personnage s’adresse aux grands-parents peureux (un peu comme les enfants pas sages dans le premier tome).

« – Ça, c’est un peu fort ! dit grand-maman Joséphine. Nous allons être réduits en bouillie !

– Comme des oeufs brouillés ! ajouta grand-maman Georgina.

– Ça, dit Mr. Wonka, c’est un risque à courir.

– Vous plaisantez, fit grand-maman Joséphine. Dites-nous que vous plaisantez.

– Madame, déclara Mr. Wonka, je ne plaisante jamais.

– Oh, mes chéris ! s’écria grand-maman Georgina, nous allons être hachés-patés jusqu’au dernier !

– Très probablement, dit Mr. Wonka. »

Toutefois, le roman perd beaucoup de son humour pour prendre une teinte plus tragique, avec en particulier des monstres, portant le doux nom de Kpoux Vermicieux, qui font un massacre.

Le retour à la chocolaterie se focalise cette fois-ci sur les personnages des grands-parents, avec une scène assez savoureuse, sans oublier, toujours, la critique et la réflexion sur la vieillesse.

=> En somme, un deuxième tome qui est moins prenant mais révèle le côté obscur de la plume de Dahl derrière la légèreté de la fantaisie : cynisme et critique sociale et politique.