La véritable histoire de Moby Dick, Nathaniel Philbrick

couv26658102.jpg Le 20 novembre 1820, le baleinier Essex est coulé par un immense cachalot. Pendant dix-huit semaines, à bord de trois petites embarcations, avec des instruments de navigation rudimentaires, un minimum de vivres et d’eau, vingt hommes vont errer, souffrir et mourir, à la dérive sur l’océan Pacifique. Cette histoire a secoué l’Amérique de l’époque et a surtout inspiré l’un des plus grands chefs-d’œuvre de la littérature mondiale : Moby Dick d’Herman Melville. 

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Vous le savez peut-être (ou pas), je m’intéresse au mythe de Moby Dick. Une fascination qui remonte peut-être au dessin-animé, Moby Dick et le secret de Mü ? (les vrais s’en souviendront 😉 ). Pourtant, j’avais eu du mal avec le Moby Dick d’Herman Melville, peu digeste et très scientifique. J’avais été déçue de voir si peu apparaitre le fameux cachalot (la rencontre entre le bateau du capitaine Achab et le Moby Dick n’ayant lieu que sur quelques pages à la fin). C’est le film Au cœur de l’océan qui a relancé mon intérêt pour cette histoire, lui-même inspiré du livre de Nathaniel Phillbrick, que je me devais donc absolument de lire.

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La lionne, Katherine Scholes

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Brillante biologiste, Emma Lindberg quitte son laboratoire australien pour la brousse tanzanienne. Officiellement, il s’agit d’une mission de recherche ; officieusement, Emma souhaite connaître la vérité sur la mort de sa mère, virologue disparue vingt ans plus tôt. A son arrivée à la station, elle assiste à un drame : les chameaux de Laura, une infirmière itinérante, sont revenus seuls. Quelque part dans le désert se trouve Angel, sa petite fille de sept ans… Avec l’aide de Daniel, un docteur massaï, Emma part à la recherche de l’enfant. 

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Depuis ma lecture de Leopard Hall, j’avais envie de découvrir d’autres romans de Katherine Scholes, tout aussi dépaysants. Je me suis vite rendue compte que l’auteur australienne, qui a passé son enfance en Tanzanie, a placé tous ses romans dans des cadres exotiques, la plupart africains. C’était tout ce qu’il me fallait pour retrouver ce qui m’avait plu dans Leopard Hall ! Aujourd’hui, je vous présente donc La lionne !

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La vie selon Juan Salvador, palmipède d’Uruguay, de Tom Michell

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En 1975, Tom Michell, un jeune Anglais, décide de prendre un aller simple pour l’Argentine et trouve une place confortable en tant qu’enseignant dans une école huppée. A lui le changement de vie, les voyages, et la découverte de l’Amérique du Sud. Alors que ses vacances en Uruguay s’achèvent, il secourt un manchot piégé dans une nappe de pétrole sur une plage. Cette rencontre inattendue est le début d’une longue amitié avec celui qu’il baptise Juan Salvador.

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Voilà un livre plutôt inhabituel que mon chéri m’a offert pour Noël et que je me suis empressée de découvrir. Avant toute chose, je dois dire que j’ai totalement flashé sur cette magnifique couverture : elle justifie presque à elle seule d’acheter le roman ! Il faut croire que Monsieur me connait bien car j’ai été charmée par l’histoire originale d’un manchot particulièrement attachant.

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Moby Dick, d’Herman Melville

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Je ne chercherai pas à vous faire un résumé de Moby Dick – ce serait peine perdue. Car si tout le monde a déjà entendu parler de Moby Dick, la baleine chassée par le méchant capitaine Achab, peu savent à quoi ressemble le roman original d’où est tirée la célèbre histoire.

En réalité, le roman d’Herman Melville est plus un documentaire sur la baleine qu’un roman. Je pense que c’est surtout lié à l’époque où a été publié le livre, disons qu’il a simplement mal vieilli. Cette façon d’écrire n’est plus du tout d’actualité : c’est comme si l’auteur, dans une phase préparatoire, avait fait des recherches très pointues pour le sujet de son roman et les incluait ensuite telles quelles, brutes, dans son roman. On a ainsi des passages entiers destinés simplement à informer le lecteur de manière très scientifique : description de la baleine, typologie de toutes les espèces de baleine et leurs spécificités… Autant vous dire que le tout est assez lourd et long. J’ai décidé de sauter carrément des passages entiers, et ce sans scrupules ni remords, car c’est presque nécessaire si on ne veut pas gâcher sa lecture et abandonner le livre. La lecture est d’autant plus fastidieuse qu’il n’y a aucune images ou cartes qui permettraient de visualiser ce que raconte l’auteur sur les baleines et de suivre le trajet du navire lors de la chasse.

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Arluk, Jørn Riel

Ullaakkut* ! Bonjour version Inuit à tous ! Aujourd’hui je change totalement de genre, grâce au Challenge d’Hiver MassCritics (les autres chroniques du Challenge sont disponibles ici) !

Une courte présentation de l’auteur s’impose car on connaît généralement peu les auteurs scandinaves ! D’ailleurs tout l’intérêt des consignes de ce genre dans les challenges est de découvrir d’autres univers et de sortir un peu de sa sphère habituelle ! Jørn Riel, écrivain danois, s’est lancé dans une expédition scientifique dans le nord-est du Groenland en 1950 et y est resté 16 ans. Il a alors décidé de consacrer son œuvre à témoigner de son expérience (par exemple sous la forme de petites histoires drôles avec les racontars que j’avais lu en décembre même si je n’avais pas forcément accroché) et à faire le récit de la vie des populations du Groenland

arluk.jpgArluk est angakok pulik (chaman). Il décide de se lancer avec quelques-uns dans un grand voyage depuis le Nord (c’est-à-dire Akilineq, « vieux pays », actuel Canada arctique et Alaska) à travers le Groenland (Inuit nunat, « le pays des Hommes »), comme le faisait ses ancêtres. Parallèlement, des habitants de l’Islande du Sud migrent vers le Groenland.

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Arluk est le deuxième tome d’une trilogie, Le chant pour celui qui désire vivre. J’ai trouvé le concept très intéressant : l’auteur relie des histoires de différentes époques, celle de Heq qui migre avec son peuple du Grand-Nord canadien vers le Groenland en l’an 1000, puis celle d’Arluk qui voyage à travers le Groenland au XVème siècle, et enfin celle de Soré, une petite fille groenlandaise des années 1970. J’ai tout simplement commencé par le deuxième tome parce que c’est le seul qui était disponible à la bibliothèque !

Il s’agit autant d’un roman que d’un ouvrage d’ethnologie. On découvre la vie des Inuits, leurs coutumes, leur croyances, leur rapport à la nature, leurs modes de vie et de fonctionnement. Leur rapport aux femmes et aux enfants est particulièrement intéressant car ils n’ont pas du tout la même conception de la fidélité ou de la famille que nous. Pour eux, si un homme est bon chasseur et qu’il peut nourrir plusieurs femmes (être son « pourvoyeur »), il doit prendre plusieurs femmes. De même, un homme peut « partager la couche » de plusieurs femmes dans les villages où il arrive s’il n’y a pas assez d’hommes. Je trouve que les peuples du Grand Nord sont fascinants et j’ai apprécié d’être plongée dans ce monde très dépaysant. L’expérience de J. Riel apporte un véritable plus, et on le voit à travers les mots de langue inuit utilisés ou les croyances décrites (par exemple les esprits), puisqu’il s’est appuyé sur ce que des Inuits lui ont raconté.

Mais la contrepartie est que le récit est souvent violent et assez choquant (viols, duels, etc). Lors de son voyage, du fait des conditions climatiques extrêmes (et puis on est quand même au XVème siècle), beaucoup de personnages meurent, Arluk change de compagnons de voyage et de familles à plusieurs reprises. La manière dont Arluk reprend une femme juste après le décès de son épouse peut heurter notre sensibilité. Se plonger dans une culture totalement étrangère à la sienne demande un certain effort et ce livre n’est pas tout rose !

Le livre est vraiment bien pensé car il relie l’histoire parallèle de personnages inuits (appelés skroelling par les Scandinavesce qui veut dire « gringalet ou demi-portion ») et d’Islandais.

Comme il se veut être une grande fresque, il y a énormément de personnages et de générations (fils, petits-fils, différentes épouses venues de divers peuples rencontrés et leurs enfants etc). On est assez vite submergé par la quantité de noms (surtout quand on n’est pas familier des sonorités inuits…) et on ne retient pas forcément les liens de parenté entre chaque. On pourrait rechercher dans les pages précédentes mais ce serait assez fastidieux !

De la même manière, on a du mal à suivre le trajet du voyage (du coup on ne suit pas vraiment la logique du parcours), d’autant que l’on connaît peu la géographie du Groenland. Il y a énormément de noms de lieux que là aussi on retient mal, ce qui gêne la lecture. Mais au moment ou je vous écris ces lignes je me rends compte qu’il y avait une carte au début du livre qui retrace le parcours et donc doit faciliter la lecture. Bref : je ne suis pas douée !

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Il reste que finalement on prend moins de plaisir à suivre l’épopée migratoire car cela nous parait plutôt comme un passage d’un lieu à un autre sans fin. On ne distingue également pas forcément bien les différents peuples : on comprend qu’il y a des différences de culture et de modes de vie entre chaque, mais pour quelqu’un d’extérieur cela reste flou.

« Tu as demandé pourquoi, dit Tewee-soo, et je vais te répondre. Tu as fait le tour du monde que tu connais et que tu aimes, et tu as découvert que c’était une île dans la mer. Tu as voyagé parce que tes yeux devaient voir et se rendre compte, afin que tu puisses raconter aux autres tous les pays de la terre. Et ton récit leur donnera envie de voyager et de comprendre que les hommes dans tous les pays sont les mêmes, bien que leur langue et leur apparence soient un peu différentes. »

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En bref, je vous conseil Arluk si vous souhaitez sortir de vos lectures habituelles et découvrir de nouvelles cultures ! On prend certes moins de plaisir à lire cette trilogie arctique qu’un bon  vieux roman, mais je crois surtout qu’il ne faut pas chercher la même chose dans les deux. Je vous en dirai plus après avoir lu l’histoire de Soré ! 

Verdict Mitigé