Ainsi gèlent les bulles de savon, Marie Vareille

Je n’avais pour l’instant lu Marie Vareille qu’en littérature ado, avec Le syndrôme du spaghetti. Il était temps de la découvrir côté adulte !

« Certains choix nous définissent à tout jamais, celui-ci en fait partie. À partir d’aujourd’hui, je peux bien écrire la neuvième symphonie, sauver le monde d’une troisième guerre mondiale ou inventer le vaccin contre le sida, on ne retiendra de moi que cet acte innommable : j’ai abandonné mon bébé, toi, mon minuscule amour aux joues si douces.

Puisses-tu un jour me pardonner. »

Trois pays, de vibrants portraits de femmes aux destins entrecroisés. Quel est le lien qui les unit ? Quelle est leur véritable histoire ?

Sans préambule, laissez-moi vous dire que j’ai dévoré ce livre ! Les romans où l’on se sent pleinement embarqué dans l’histoire et où les pages se tournent toutes seules grâce à une plume fluide sont finalement plutôt rares. Et après une lecture où j’avais l’impression de lutter pour entrer dans l’histoire et conserver mon intérêt pour l’intrigue et les personnages, ça fait du bien !

Avec Ainsi gèlent les bulles de savon, Marie Vareille traite de la maternité, à travers trois points de vue. Claire, licenciée peu après avoir appris qu’elle était enceinte, retrouve un job in extremis dans l’édition grâce sa meilleure amie. On la suit pendant la grossesse et après la naissance, avec ses joies, ses angoisses et ses peines. Océane, étudiante hypersensible manquant de confiance en elle, cherche sa voie et fait face à une crise familiale. Enfin, une jeune maman surmenée décide brutalement de tout quitter pour partir en Indonésie, laissant son bébé derrière elle.

Bien que je n’aie pas d’enfant, le thème abordé m’a particulièrement touchée, probablement parce que l’auteure le fait avec justesse et sensibilité. Loin du tableau idéal, l’auteure évoque la parentalité sans tabou. Il sera question des difficultés liées à la maternité, de la dépression post-partum, de la pression sociale et du sentiment de culpabilité ressenti par les femmes. Ce sentiment est d’autant plus grand que les femmes ne vivent pas toujours leur maternité comme elles l’imaginaient, peuvent avoir le sentiment d’être dépassées, de ne pas y arriver (l’épuisement n’aidant pas) ou encore des difficultés à développer un lien avec leur bébé.

Marie Vareille parvient à nous faire ressentir la détresse des jeunes mères et questionne la part de responsabilité de la société dans la souffrance que peut engendrer la maternité, en particulier durant les premiers mois, notamment en raison des congés parentaux trop courts, de la charge mentale pesant sur les femmes et du tabou alimenté par la notion d’instinct maternel et un discours idéalisé sur la parentalité. Au-delà de la fiction, le roman a pour moi un réel intérêt social et trouvera sans doute écho chez de nombreuses mères. Je pense que c’est un livre que je relirai lorsque je serai parent ou sur le point de le devenir.

On ressent la tendresse de l’auteure pour ses personnages. Ces femmes, que l’on côtoie dans des moments de faiblesse, sont particulièrement attachantes. Ainsi gèlent les bulles de savon est un roman plein d’émotion et de bienveillance, qui rend hommage au courage des femmes et à la sororité.

La construction du roman est bien pensée, elle relie les personnages de manière originale tout en entretenant le mystère sur le lien existant entre les trois femmes. L’histoire réserve donc son lot de surprises, particulièrement concernant un point de vue pour lequel nous ignorons qui parle (on le découvrira qu’à la fin).

En bref, un roman bouleversant et sans fard sur la maternité. Au-delà de son sujet, il dénote des qualités d’auteure de Marie Vareille, qui sait éveiller l’empathie pour ses personnages profondément humains et construire son récit pour capter l’attention du lecteur jusqu’au bout. Je n’ai maintenant qu’une envie, lire ses autres romans !

8 réflexions sur “Ainsi gèlent les bulles de savon, Marie Vareille

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