Avant toi, de Jojo Moyes

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Lou mène une vie monotone dans une petite ville d’Angleterre. Les circonstances l’amènent à accepter un contrat de six mois en tant qu’auxiliaire de vie auprès d’un homme handicapé, chose à laquelle elle n’est ni préparée, ni destinée. Pour le jeune homme, ancien riche homme d’affaires menant une vie exaltante, la réalité de sa nouvelle condition est d’autant plus douloureuse. Le rôle de Lou va alors être de lui apporter de la compagnie et de lui redonner goût à la vie. 

* * *

A l’heure où je vous écris cette chronique, je suis encore toute chamboulée, à demi hors de la réalité. Les yeux encore rouges, les dernières traces de mascara essuyées rapidement sur mes joues, la tête pleine d’images et de mots. Je vous disais dans des articles précédents que je procrastinais souvent pour mes chroniques, mais là j’avais besoin de vous parler, à peine quelques minutes après avoir tourné la dernière page, comme pour exorciser.

Lorsque j’ai lu des chroniques d’Avant toi – elles ont fleuri en nombre sur la blogosphère ces derniers mois – je n’étais qu’en partie convaincue, malgré l’enthousiasme des blogueuses. D’abord à cause du sujet. Il faut savoir que lire un livre déprimant ne fait vraiment pas partie de mes plus grands plaisirs. Je pars du principe que la vie réelle a trop souvent l’occasion de nous donner le cafard ou de nous démontrer que des choses horribles arrivent tous les jours, pour qu’on ait envie qu’un roman nous le rappelle. Je fuis donc comme la peste les drames ou toute autre fiction qui annonce force tragédie et tristesse.

Partant de là, un livre sur le destin tragique d’un homme lourdement handicapé à la suite d’un accident me rendait réticente. C’est sûrement pour cela que le roman traînait dans ma PAL depuis le mois de mars.

Mais ce que je ne savais pas, c’est qu’Avant toi n’est pas déprimant. Il est beaucoup de chose – bouleversant, émouvant, poignant, beau, inoubliable. Mais déprimant, non. Et en cela c’est une incroyable réussite. Parler de la tétraplégie, de la difficulté de vivre au quotidien avec ce handicap, et plus encore de l’effort pour conserver la volonté de vivre, sans un ton larmoyant, apitoyant ou compatissant à outrance, n’est pas chose facile.

L’auteur réussit à nous faire prendre conscience de ce qu’est le handicap, de ce que sont les douleurs, les problèmes de santé, les gestes anodins impossibles d’un homme paralysé. Rien qu’en montrant comment une simple activité telle qu’aller voir une course de chevaux devient le parcours du combattant à cause d’une multitude de petits obstacles inimaginables, on réalise à quel point cela doit être dur pour n’importe quelle personne en fauteuil roulant, et tous les efforts que notre société doit faire pour améliorer les choses et permettre à chacun de vivre sa vie. Mais ce récit, Jojo Moyes le fait avec beaucoup de pudeur et de respect. Même dans la description des soins, dans les choses qui peuvent être assez dégradantes ou intimes, on ne sent pas de voyeurisme.

Je ne pense pas avoir déjà ressenti cela pour un livre auparavant. Avant toi est un univers à lui seul. Vous plongez dans le récit, vous vous y engagez avec toute votre personne, et vous n’en ressortez qu’après l’avoir fini. Je n’ai pas pu décrocher du roman pendant les trois jours à peine qu’à duré ma lecture. L’écriture de l’auteur est un vrai atout : elle est simple, mais de qualité, fluide et pleine d’humour. Les dialogues sont particulièrement réussis, le suspens est présent là où il faut, comme la sensibilité, sans trop en faire. L’ensemble respire la justesse, l’authenticité. L’évolution des événements et des personnages se fait en douceur, de manière vraisemblable. Bref, tout ce qu’il faut pour vous sentir impliqué dans le récit et vous donner envie de continuer à lire. (et ne vous fiez pas au fait que c’est le commentaire de MYTF1 News qui orne la couverture)

Mais surtout, surtout, les personnages sont remarquables, forts, attachants, marquants. De Will, je retiens le charisme, le fort caractère et la détermination, les sarcasmes et les piques bien senties, la cruelle clairvoyance de sa situation, le refus des illusions et le combat pour la dignité et contre la pitié, malgré les humiliations et les frustrations subies. On entrevoit aussi sa détresse, sa tristesse, et son courage pour endurer sa souffrance sans la montrer. Il nous donne une autre image que celle de l’homme coincé dans un fauteuil. Louisa Clarke, elle, est une femme pleine de vie et d’énergie, et en même temps consciente de sa naïveté et parfois de son ignorance. Originaire d’une famille modeste ayant du mal à joindre les deux bouts mais honnête et travailleuse, elle nous conquiert avec son excentricité, ses histoires de couple, son authenticité, son amour des gens et la vie finalement toute simple qui semble lui suffire. L’idée de cette rencontre entre deux personnages détonants, une aide-soignante atypique pour un homme atypique, nous réserve de beaux moments d’humour, d’esprit, d’émotions et de larmes.

Je n’ai pas toujours compris les personnages, je n’ai pas toujours adhéré à leurs idées ou à leur comportement. Néanmoins, l’auteur a le mérite de nous sortir de notre zone de confort, de mettre en scène des personnages hors-normes pour qu’on s’efforce d’essayer de comprendre, pour qu’on s’oblige à envisager les situations et le ressenti de chacun. Et avant tout, à ne pas juger.

Quelques minutes après ma lecture, j’ai le sentiment que ce livre m’a fait quelque chose, qu’il a touché une part de moi et que je m’en souviendrai longtemps. J’ai réellement eu l’impression de vivre cette histoire aux côtés des personnages.

Et pour ce qui est de son objectif, l’auteur réussit bel et bien à nous atteindre émotionnellement…

« Si je ne pleure pas pendant que j’écris une scène d’émotion-clé, alors, quelque part au fond de moi, j’ai le sentiment qu’elle est ratée. Je veux que le lecteur ressente quelque chose pendant sa lecture, et mes larmes pendant l’écriture sont en quelque sorte devenues ma pierre de touche de la réussite d’une scène. »

* * *

Volontairement, je ne vous en ai pas trop dit sur l’intrigue, pour ne pas vous gâcher le plaisir (je trouve déjà que la quatrième de couverture en révèle beaucoup trop, évitez de la regarder ). Mais j’espère que cela sera suffisant pour vous convaincre de le lire. 

Et pour faire pleurer un peu les chaumières :


PS : Avant toi a été récemment adapté au cinéma par Thea Sharrock, avec Emilia Clarke et Sam Claflin dans les rôles principaux.

Verdict Coup de coeur

21 réflexions sur “Avant toi, de Jojo Moyes

  1. J’ai lu le roman et j’ai vraiment chialé à la fin.. Ce roman a été un énorme coup de coeur, c’est juste un petit bijou !!! Et j’ai vu l’adaptation qui est juste parfaite également ! 🙂

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  2. Je me reconnais vraiment dans ta chronique! Déjà je suis comme toi : je trouve que le monde réel nous offre déjà des images terribles donc quand je lis un livre, ce n’est pas pour retrouver des choses tristes et déprimantes! Mais comme tu dis, ce n’est absolument pas le cas ici! On a une histoire magnifique avec des personnages attachants qui nous font prendre conscience de la difficulté de vie des personnes handicapées …
    En tout cas, j’ai adoré ta chronique, tu décris bien les personnages et ce qui ressors de la lecture, j’ai eu sensiblement le même avis que toi 🙂

    Aimé par 1 personne

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