Noël surprise dans les Highlands, Sarah Morgan

Je vous retrouve pour la dernière romance de Noël de l’année !

Dans ce manoir isolé au cœur des Highlands, Gayle se sent perdue. Si elle a proposé à ses filles de passer Noël en Écosse, c’était dans une tentative désespérée de ressouder sa famille. Seulement, ces lieux ravivent en elle la mémoire de son premier amour, des souvenirs dont ses filles ignorent tout, et que Gayle préférerait garder secrets…
Ella ne sait plus sur quel pied danser. Sa mère, cette business woman redoutable, qu’elle pensait dépourvue de sentiments, a soudain insisté pour qu’elles passent les fêtes ensemble… après cinq ans sans nouvelles  ! Aujourd’hui maman à son tour, Ella s’inquiète  : Gayle-sans-cœur a-t-elle vraiment changé ou risque-t-elle d’être une grand-mère décevante pour sa petite Tab  ?
Quant à Samantha, elle meurt d’envie d’associer son agence de voyage à ce magnifique manoir. Mais comment rester professionnelle face à Brodie, le propriétaire, qui la perturbe tant ? Cet Écossais si séduisant n’a qu’à la regarder pour lui faire perdre tous ses moyens…

Encore une fois avec Sarah Morgan, il faut faire abstraction du titre bien culcul pour se lancer dans une histoire plus profonde qu’il n’y parait. Après Mariage sous les flocons, j’ai retrouvé ce qui fait le charme et le succès des romans de l’auteure : une histoire familiale, une ambiance de Noël qui fait rêver et une romance toute douce.

Noël surprise dans les highlands est loin de nous présenter la famille idéale. Le roman s’ouvre sur l’interview de Gayle Mitchell, auteure à succès de livres de développement personnel, une businesswoman qui a perdu contact avec ses filles depuis cinq ans. Elle parait rapidement plutôt détestable aux yeux du lecteur, puisqu’on nous la présente comme une femme fière, implacable, obnubilée par la réussite professionnelle et surinvestie dans le travail quitte à sacrifier sa famille, manquant de tendresse et de compassion. Je regrette que Sarah Morgan ait autant grossi le trait, mais l’idée est là : cette femme qui a réussi professionnellement et inspire des milliers d’autres femmes qui boivent ses paroles, a aussi échoué dans sa vie personnelle.

Ses deux filles gardent un goût amer de leur enfance et ne supportent pas de voir ériger en modèle un comportement qui les a tant fait souffrir et qui les a d’ailleurs conduites à couper les ponts. Un choc va pourtant faire prendre conscience à Gayle de ses défauts et de ses erreurs, ainsi que de l’importance du lien familial. Elle va alors tout faire pour renouer avec ses filles, en commençant par passer Noël – une période qu’elle a toujours détesté – avec elles. Cela tombe bien, Samantha, dirigeante d’une agence de voyage spécialisée dans les vacances d’hiver, doit se rendre en Ecosse pour conclure un partenariat avec le propriétaire d’un sublime manoir. Passées les premières réticences, les voilà donc toutes parties en famille dans les Highlands…

J’ai trouvé le personnage de Gayle intéressant pour nous faire prendre du recul sur la notion de réussite, sur l’image que l’on renvoie en société et en situation professionnelle, et sur les parcours de vie. Noël surprise dans les Highlands nous rappelle qu’aucun guide ne peut apprendre à mener sa vie, qu’il n’y a pas de modèle à appliquer et qu’aucun choix n’est idéal. Quant à Ella, ses questionnements et sa volonté de ne pas reproduire les erreurs de sa mère avec sa propre fille nous montrent bien qu’il n’y a pas non plus de modèle miracle d’éducation ni de parent parfait.

Si l’hostilité qui règne peut surprendre au premier abord dans un roman de Noël, ce sont ses défauts et ses failles qui rendent cette famille touchante. On apprécie de voir les tentatives de Gayle pour réparer les pots cassés et rattraper le temps perdu. Pour autant, rien n’est facile. Samantha et Ella, soudées face à leur mère, sont dubitatives face au brusque revirement de leur mère et peinent à croire à la sincérité de sa démarche et à la tenue de son comportement sur la durée. La confiance perdue n’est pas aisée à reconquérir et elles restent plutôt sur leur garde. Au fil des pages, alors que le lecteur devient plus indulgent avec Gayle – d’autant que l’on se doute qu’il y a une explication à sa conduite passée – on peut regretter la tendance des filles à juger trop vite et leur difficulté à pardonner. A travers ces trois femmes qui tentent de repartir à zéro se joue en somme la complexité des relations humaines et la difficulté de parvenir à une harmonie familiale, qui nécessite que chacun prenne sur soi et soit prêt à des compromis.

La romance prend finalement peu de place dans le récit et n’est pas l’élément le plus intéressant de mon point de vue. J’ai surtout apprécié suivre la relation des deux sœurs avec leur mère et l’enjeu de valorisation du manoir écossais.

Pour finir, je note tout de même quelques longueurs et des répétitions dans les réflexions des personnages. Le rythme est plutôt lent et le titre un peu trompeur au regard du contenu. Pour vous donner une idée, les personnages n’arrivent en Ecosse qu’aux alentours de la page 170… Cela fait long lorsqu’on s’attend à l’ambiance des Highlands ! Pendant son voyage, la famille reste surtout dans le manoir et sur le domaine, on se projette donc peu en Ecosse : point de balade dans des paysages à couper le souffle ou de châteaux en ruine – en réalité, l’histoire aurait pu tout aussi bien se dérouler dans n’importe quelle campagne enneigée ! Malgré ce manque d’Ecosse (qui m’a frappée sûrement parce que j’y ai passé mes vacances au printemps dernier et que je me réjouissais de retrouver ce cadre), l’ambiance hivernale est bien là, notamment grâce à toutes les activités prévues et à l’émerveillement de la petite fille. On rêve de passer les fêtes de fin d’année dans un tel lieu !

En bref, un roman de Sarah Morgan comme on les aime, avec son cocktail réussi de famille, d’amour et de cadre enchanteur. Au-delà de l’ambiance de Noël, l’auteure nous propose l’histoire d’une reconstruction familiale, en prenant le temps de développer la psychologie de ses personnages et d’interroger les choix de vie de chacun – des thèmes qui peuvent faire écho à nos propres trajectoires personnelles.

PS : J’aime beaucoup les couvertures d’Harper Colins poche pour les romans de Sarah Morgan, elles me donnent envie de tous les collectionner !