Les filles au lion, Jessie Burton

couv27039131.jpgEn 1967, cela fait déjà quelques années qu’Odelle, originaire des Caraïbes, vit à Londres. Elle travaille dans un magasin de chaussures mais elle s’y ennuie, et rêve de devenir écrivain. Et voilà que sa candidature à un poste de dactylo dans une galerie d’art est acceptée ; un emploi qui pourrait bien changer sa vie. Dès lors, elle se met au service de Marjorie Quick, un personnage haut en couleur qui la pousse à écrire. Elle rencontre aussi Lawrie Scott, un jeune homme charmant qui possède un magnifique tableau représentant deux jeunes femmes et un lion. De ce tableau il ne sait rien, si ce n’est qu’il appartenait à sa mère. Marjorie Quick, à qui il soumet la mystérieuse toile, a l’air d’en savoir plus qu’elle ne veut bien le dire, ce qui pique la curiosité d’Odelle. La jeune femme décide de déchiffrer l’énigme des Filles au lion. Sa quête va révéler une histoire d’amour et d’ambition enfouie au cœur de l’Andalousie des années trente, alors que la guerre d’Espagne s’apprête à faire rage.

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Comme souvent, j’ai démarré ma lecture sans savoir du tout de quoi elle parlait. J’avais lu Miniaturiste du même auteur et j’étais curieuse de découvrir son nouveau roman. J’en ressors assez mitigée, mais sans doute est-ce moins lié au roman qu’à mon expérience de lecture. Peut-être parce que le sujet n’était pas fait pour moi ou que j’en attendais trop.

Dans Les filles au lion, on reste dans l’historique mais on se place dans un tout autre cadre que celui du roman précédent. On quitte les Provinces-Unies (Pays-Bas) du XVIIème pour l’Angleterre et l’Espagne du XXème.

Odelle, originaire de Tobago, trouve un emploi comme dactylo dans un musée. Son nouveau travail et sa rencontre avec Lawrie Scott vont la mettre en contact avec un mystérieux tableau, Les filles au lion. Les conservateurs du musée ne tardent pas à découvrir qu’il pourrait s’agir d’un tableau perdu d’un peintre espagnol avant-gardiste. Parallèlement, le roman nous emmène dans le sud de l’Espagne, dans une famille d’expatriés germano-britanniques, au début de la guerre civile (1936).

D’ordinaire, j’apprécie les romans qui alternent deux époques, des histoires parallèles qui finissent pas se croiser. Dans ce cas, néanmoins, j’ai trouvé que la construction ne fonctionnait pas bien parce qu’elle compromettait l’intrigue. Alors que les personnages de 1967 s’interrogent sur Les filles au lion, le lecteur vit avec ceux de 1936 l’histoire du tableau. Cela créé une sorte de décalage assez étrange, puisque le lecteur en sait plus que les personnages. Par conséquent, le suspens autour de l’enquête sur l’histoire du tableau n’a pas vraiment de sens. Même si, bien sûr, il nous reste des interrogation sur le devenir des personnages et les liens exacts qui existent entre ceux de 1936 et ceux de 1967. J’aurais ainsi préféré que le roman se concentre uniquement sur 1967 et que l’on découvre en même temps que les personnages ce qu’il s’est passé en 1936.

D’autant que j’ai eu du mal à m’intéresser aux passages espagnols. J’avoue que l’histoire de l’Espagne et l’époque de la guerre civile ne font pas partie de mes premiers centres d’intérêt, et j’ai sans doute manqué de curiosité ou d’empathie pour le vécu des personnages en cette période troublée. Justement, la situation n’est pas toujours clairement exposée. J’ai eu également du mal avec les personnages de cette époque, dont aucun n’est attachant : la mère dépressive qui ne pense qu’à elle et fantasme sur le jeune espagnol ; sa fille Olive qui ne sait pas ce qu’elle veut ; Harold Schloss, le marchand d’art peu sympathique ; Teresa, dont le rôle et le comportement sont étranges ; Isaac, révolutionnaire égoïste.

J’ai beaucoup mieux accrochée à la partie londonienne. Odelle, originaire des Caraïbes,  n’a pas encore trouvé à Londres une vie à la hauteur de ses ambitions. Employée dans une boutique de chaussures, elle touche enfin son rêve du doigt quand elle décroche un poste dans un musée, bien que comme simple dactylo. Elle rester encore indécise sur ses envies de femme et de (future) écrivain. A travers elle, on explore la question identitaire des habitants de l’Empire britannique, le racisme et les mœurs des années 60 (fréquentations amoureuses en public, contraception,…), ainsi que la place des femmes. Quick est également un personnage intéressant et complexe, tantôt froide, tantôt bienveillante. Elle sait voir le potentiel d’Odelle, une femme intelligente, voire une confidente.

Un des sujets au cœur du roman auquel je ne m’attendais pas, est l’art. Or, les arts plastiques ne me passionnent pas autant que la littérature. Les descriptions des tableaux sont minutieuses et très visuelles. L’auteur aborde les courants de peinture et le milieu de l’art, ainsi que le processus de création artistique – des passages que j’ai eu tendance à sauter. Elle interroge la relation entre l’artiste et la célébrité, le désir de reconnaissance ou à l’inverse l’indifférence. Encore une fois, je ne voudrais pas que cela vous empêche de découvrir le roman, parce que je ne peux m’en prendre qu’à moi de lire un roman dont les thèmes principalement abordés m’intéressent peu. J’aurais du mieux me renseigner avant de me lancer !

Cela dit, je ne regrette pas ma lecture parce que le personnage d’Odelle et ce qu’elle nous dit de son époque m’ont touchée, comme la fragilité dissimulée de Quick et les secrets des personnages. Surtout, les 150 dernières pages m’ont davantage emballée, avec plus d’action et de révélations, ainsi que des retournements que je n’avais pas vu venir et qui sont arrivés précisément au moment où je commençais à me dire qu’il était dommage que j’aie deviné la fin.

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En bref, un roman historique à double visage, qui nous plonge au cœur de l’art, de la création artistique et de l’identité de l’artiste. Il renferme des secrets bien gardés autour du passé des personnages. Malgré une construction qui ne m’a pas convaincue, je le conseille aux amateurs d’histoire et de peinture !

Verdict Mitigé

 

3 réflexions sur “Les filles au lion, Jessie Burton

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