Miniaturiste, de Jessie Burton

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Octobre 1686. Nella Oortman, 18 ans, quitte son petit village pour Amsterdam où l’attend Johannes Brandt, son mari, un des marchands les plus influents de la ville, choisi par sa mère pour des questions d’argent. Sa vie d’épouse débute alors, entre l’attente d’un époux sans cesse en déplacement pour affaires, les relations glaciales avec sa belle-sœur Marin, et les domestiques. Quand Johannes lui offre une maison de poupée comme cadeau de mariage, Nella fait appel à un miniaturiste pour la décorer et animer par procuration son morne quotidien. Elle ne tarde pas à s’apercevoir que, sous couvert d’opulence et de commerce, la famille Brandt recèle plus d’un secrets…

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Vous connaissez ma fascination pour les miniatures depuis Dan Ohlmann. J’ai donc sautée sur l’occasion de lire le roman historique de Jessie Burton autour d’un mystérieux miniaturiste.

J’ai été ravie de retrouver la ville d’Amsterdam et cette époque si particulière. Il faut savoir que j’ai voyagé aux Pays-Bas l’été dernier et que j’ai eu un vrai coup de cœur pour la capitale hollandaise, ses canaux, son architecture, ses maisons si typiques. J’avais eu l’occasion de visiter le Rijksmuseum et de voir les fameuses maisons de poupée dont s’inspire l’auteur. Je me souviens que j’avais été assez intriguée par celles-ci : en effet, elles ne servaient pas comme jouets mais comme des objets de décoration à la mode que les riches dames hollandaises collectionnaient et remplissaient de miniatures afin de témoigner de leur fortune.

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Maison de poupée. Rijksmuseum (1676)

Jessie Burton a ainsi choisi un sujet original pour son roman, et cela nous donne vraiment envie d’en savoir plus ! L’auteur nous offre une véritable plongée dans le passé, à l’époque de l’âge d’or des Provinces Unies et du commerce florissant de la VOC (Compagnie des Indes orientales). Le roman est très bien documenté, on sent un réel travail de sa part. L’aspect historique est très présent, aidé par les descriptions particulièrement réussies qui transmettent à merveille l’atmosphère de la ville comme le réalisme des miniatures et les plats alléchants.

Le cadre joue un rôle central, puisque les personnages évoluent dans l’ambiance trouble de l’Amsterdam du XVIIème siècle entre protestantisme rigoriste et commerce débridé, inquiétude face à la montée des eaux, poids des corporations, commérages et communauté étouffante. On suit le difficile (et parfois cruel) apprentissage de Nella, venue de la campagne hollandaise, qui découvre Amsterdam, la ville de tous les possibles mais aussi du pire. Elle devra apprendre les codes de conduite et se confrontera à l’atmosphère sinistre voire malsaine, aux oreilles qui traînent, aux voisins qui guettent les faux-pas, au matérialisme à toute épreuve, au règne des apparences et de la richesse.

Je m’arrête là pour une petite mise en garde, car ce n’était pas du tout l’histoire à laquelle je m’attendais, et je pense que la 4ème de couverture est assez trompeuse. Ne voyez aucune ressemblance particulière entre Miniaturiste et le Chardonneret de Donna Tartt (si ce n’est la ville d’Amsterdam, et encore) ni avec La jeune fille à la perle de Tracy Chevalier (même époque, même pays, mais cela ne suffit pas à ce que deux romans se rejoignent).

Je pensais que le cœur de l’intrigue tournerait autour de Nella et de son mari, mais en réalité (manque d’intuition), c’est plutôt l’histoire d’un mariage raté et d’un mari absent. Par conséquent, les autres personnages sont très présents, notamment Marin, la sœur de Johannes, célibataire endurcie, sans-cœur et déterminée à faire sentir à Nella qu’elle n’est pas la bienvenue. On ne peut que s’attacher à Nella et à ses espoirs déçus, au fur et à mesure qu’elle est entraînée dans de sombres histoires, des relations malsaines et des mauvaises intentions. C’est assez terrible de voir le triste destin qu’elle n’a rien fait pour mériter. Bien que le roman ne soit pas toujours très rythmé, il comporte quelques mystères et révélations inattendues qui nous font garder le livre en main et nous font passer un bon moment.

Cependant, sans que je ne sache trop pourquoi, il m’a manqué quelque chose pour réellement apprécier ce roman. J’ai été déçue de l’intrigue concernant la miniaturise, qui reste jusqu’au bout un personnage flou, dont on ne connait ni l’identité, ni les motivations, ni les secrets de l’art. L’auteur joue, tout au long du roman, sur des mystères et une tension dramatique qui finit par retomber comme un soufflé. A la fin, j’avais la désagréable impression de n’avoir eu qu’un aperçu des personnages et de leur histoire. L’intrigue n’est pas assez creusée à mon goût, comme si tout au long du roman on attendait qu’un événement extraordinaire se produise…et qu’il ne se passait rien.

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En Bref, Miniaturiste nous en apprend beaucoup sur la société hollandaise de l’époque et saura séduire les amateurs de romans historiques. Le roman est porté par l’atmosphère pesante d’Amsterdam et les secrets de la famille Brandt qui attisent l’attention du lecteur. On reste néanmoins sur notre faim, le personnage de la miniaturiste aurait gagné à être plus développé.

Verdict Une bonne suprise

Une réflexion sur “Miniaturiste, de Jessie Burton

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