La voix des vagues, Jackie Copleton

couv18545368.pngLorsqu’un homme horriblement défiguré frappe à la porte d’Amaterasu Takahashi et qu’il prétend être son petit-fils disparu depuis des années, Amaterasu est bouleversée. Elle aimerait tellement le croire, mais comment savoir s’il dit la vérité ? Ce qu’elle sait c’est que sa fille et son petit-fils sont forcément morts le 9 août 1945, le jour où les Américains ont bombardé Nagasaki ; elle sait aussi qu’elle a fouillé sa ville en ruine à la recherche des siens pendant des semaines. Avec l’arrivée de cet homme, Amaterasu doit se replonger dans un passé douloureux dominé par le chagrin, la perte et le remord. Elle qui a quitté son pays natal, le Japon, pour les États-Unis se remémore ce qu’elle a voulu oublier : son pays, sa jeunesse et sa relation compliquée avec sa fille.

* * *

Je reviens pour la chronique hebdomadaire avec un roman historique dont j’avais entendu beaucoup de bien….à raison.

Amaterasu est une vieille dame japonaise qui a quitté son pays et ses souvenirs douloureux pour les Etats-Unis après avoir perdu sa fille Yuko et son petit fils Hideo dans le bombardement nucléaire de Nagasaki le 9 août 1945. Or, des années plus tard, un jeune homme défiguré fait irruption dans son quotidien en prétendant être Hideo et affirme avoir perdu la mémoire de son enfance. Dès lors, comment savoir s’il dit vrai ?

Attention, contrairement au résumé, le roman porte assez peu sur les recherches d’Amaterasu pour découvrir la vérité sur l’identité de l’homme. D’ailleurs, jusqu’au bout, le doute persiste sur le fait qu’il soit ou non son petit-fils (si vous aimez les réponses claires, vous risquez d’être déçus). Le roman s’attarde plus largement sur l’histoire familiale d’Amaterasu : sa vie à Nagasaki et surtout les amours de sa fille.

La voix des vagues évoque le difficile sujet du bombardement de Nagasaki. Bien qu’on en ait tous entendu parler dans les livres d’histoire, cela n’a rien à voir d’être immergé aux côtés des Japonais et de revivre avec Amaterasu cette puissance effrayante qui n’a laissé aucune chance aux habitants. On assiste à toute l’horreur de l’attaque nucléaire, les destructions, les recherches vaines quelques heures après le drame, l’impact sur les corps, puis sur le long terme les maladies et les personnes défigurées. Le livre aborde également les années précédentes, la guerre du côté du Japon et les horreurs qui ont pu être commises alors – un point de vue que l’on a rarement en Europe lorsqu’on parle de la Seconde guerre mondiale.

L’intrigue nous emmène aussi, bien avant le bombardement, dans les secrets de famille d’Amaterasu à travers ses souvenirs. Sans trop en dévoiler, Yuko mène une relation avec un homme plus âgé, marié et doté d’une réputation de coureur de jupons, bien sûr désapprouvée par ses parents. Mais cet homme, même lorsqu’il semblera oublié, croisera à plusieurs reprises la route de la famille Takahashi. C’est l’occasion pour Jackie Copleton de tracer un portrait de la société japonaise et de ses  valeurs, où l’honneur et la honte tiennent une place centrale, où les femmes ont peu de liberté d’action et où la famille garde un rôle dans le choix du conjoint. A chaque début de chapitre, un extrait d’un dictionnaire nous éclaire sur une notion propre à la culture japonaise.

Amaterasu raconte ses blessures, ses remords, sa culpabilité – ce poids qui l’a poussée à quitter son pays. Cette vieille dame m’a beaucoup touchée. D’abord par l’horreur de ce qu’elle a enduré, que ce soit dans sa jeunesse ou ensuite par la perte de ses proches. Et aussi parce que, malgré les décisions difficiles qu’elle a dû prendre et les tensions que cela a généré, on comprend que c’était avant tout une mère prête à tout pour sa fille.

Le récit vogue entre le présent, les souvenirs d’Amaterasu, le journal intime de Yuko et les lettres écrites par celui qui a recueilli le présumé Hideo. Les fils de l’intrigue sont entremêlés, les secrets, les faits et les relations entre les personnages nous sont révélés petit à petit, nous tenant en haleine jusqu’à ce que le dénouement nous apporte le fin mot de l’histoire.

* * *

En bref, on ne peut qu’être touché par le cruel destin qui s’abat sur cette famille, les drames et les épreuves qu’Amaterasu et sa fille traversent dans leurs jeunesses respectives, et bien sûr l’horreur de Nagasaki. Un roman émouvant, tout à la fois histoire de famille, témoignage sur l’Histoire et éclairage sur la société japonaise.

Verdict Coup de coeur

5 réflexions sur “La voix des vagues, Jackie Copleton

  1. Pingback: * Bilan du mois de novembre * | Petite Plume

  2. Pingback: Mes livres coups de cœur de 2017 | Petite Plume

  3. Pingback: Ne vous fiez pas aux apparences – Ces couvertures moches |

  4. Pingback: Tag PKJ : Le temps |

  5. Pingback: Ces romans dont on ne parle pas assez #1 |

Laisser un commentaire