Dracula, Bram Stoker

Je pense qu’on tient un record de longévité avec Dracula, qui est resté dans ma PAL pendant…11 ans. Oui, j’ai honte d’avoir laissé croupir ce classique aussi longtemps sur mes étagères. Pour ma défense, je l’avais acheté en V.O lors d’un voyage en Angleterre et je n’avais jamais eu le courage de me lancer dans une lecture en anglais.

C’est donc une satisfaction d’avoir enfin sauté le pas et une petite fierté d’être allée au bout de cette lecture V.O, loin de ma zone de confort.

Je ne vous ferai pas l’affront de vous pitcher l’intrigue de Dracula, la plus célèbre histoire de vampire, dont la réputation a largement dépassé l’œuvre originale. Pourtant, en réalité, comme c’est souvent le cas avec les classiques les plus connus, je ne savais pas grand chose de l’intrigue, si ce n’est qu’il était question d’un mystérieux comte-vampire en Transylvanie. J’ai donc pu pleinement apprécier ma lecture, en découvrant la construction du roman et les protagonistes.

J’ai beaucoup apprécié la plume de Bram Stoker, au point de regretter qu’il n’ait pas écrit d’autres œuvres de la même ampleur. J’ai trouvé finalement le niveau de langue plutôt facile (même si j’étais obligée de chercher de nombreux mots dans le dictionnaire), et en tout cas le style littéraire peu daté pour un roman écrit en 1897.

En raison de la langue étrangère, ma lecture a été longue et Dracula m’a accompagné pendant plus de quinze jours. Pourtant, mon intérêt ne s’est pas essoufflé et j’avais plaisir à retrouver cette session de lecture V.O, même si j’ai dû faire preuve de persévérance (que cela peut être frustrant de mettre 1 heure à lire 10 pages quand on est habitué à notre rythme de lecture dans notre langue maternelle !).

L’originalité du roman, qui peut surprendre le lecteur, est qu’il est constitué d’extraits de journaux intimes et de lettres. Et quel génie d’avoir opté pour ce mode de narration, parfaitement exploité dans l’intérêt de l’intrigue, pour maintenir le suspens.

Le roman débute ainsi avec le journal de Jonathan Harker, un jeune clerc de notaire envoyé auprès du comte Dracula, qui sollicite des conseils juridiques pour l’acquisition d’un domaine à Londres. Le jeune homme est d’emblée frappé par l’ambiance particulière du pays et du lieu où il est arrivé, accentuée par les montagnes menaçantes, les superstitions de ses habitants et les hurlements des loups au loin. Malgré l’extrême courtoisie de son hôte, il ne tarde pas à se rendre compte de l’étrangeté de son comportement, jusqu’à ce qu’il doive se rendre à l’évidence : il est prisonnier. Et puis au moment où la tension arrive à son paroxysme, où l’on se demande si le jeune homme a pu s’échapper de cet horrible endroit, l’auteur nous prend de court en passant au journal intime de la fiancée de Jonathan, qui attend avec impatience (et une inquiétude grandissante) son retour en Angleterre.

S’ouvre alors une nouvelle partie du roman, dans laquelle un groupe d’amis va s’unir pour tenter de contrer les desseins meurtriers de Dracula et où le personnage de Mina prend une importance croissante. Elle va en réalité devenir le personnage principal et moteur de l’action, marquant par sa perspicacité, sa bravoure et sa dévotion pour ses proches. A plusieurs endroits, le fractionnement de la narration permet ainsi d’apporter plusieurs points de vue, de différer des révélations ou l’aboutissement des évènements, pendant qu’on se demande pourquoi l’auteur s’attarde autant sur telle histoire racontée à travers une correspondance ou un journal, tout en se doutant bien que ce n’est pas anodin. Tout cela s’avère un peu frustrant pour le lecteur, il faut bien le reconnaitre, mais a le mérite de lui faire tourner les pages plus vite !

Surtout, ce suspens nous fait d’autant plus frissonner que l’on pressent une issue terrible. On déplore l’ignorance ou la naïveté des personnages, alors que se forme dans notre esprit une éventualité funeste. En parlant de frissonner, on est dès le début dans l’ambiance. L’arrivée de Jonathan Harker, de nuit, au château de Dracula est frappante. Si j’avais regretté l’atmosphère insuffisamment inquiétante dans Les mystères de la forêt, que j’attribuais à l’époque d’écriture, là on y est complètement ! En lisant Dracula, vous commencez à angoisser dès la première page tant l’atmosphère est bien retranscrite – sombre, mystérieuse, menaçante. [D’ailleurs, lire en anglais m’a permis d’être plus attentive aux mots choisis et à leur sens, et j’ai pu me rendre compte de la prégnance du champ lexical du frisson, de l’inquiétude, du danger, de l’effroi.] C’est glaçant, horrible par moment, mais réellement addictif !

J’ai été plus longue que prévue dans cette chronique. Je terminerai en vous encourageant à lire Dracula, car même si vous avez l’impression de connaitre déjà l’histoire de ce livre culte, il vous réservera des surprises et vous tiendra en haleine. De mon côté, j’ai adoré et je crois même pouvoir dire qu’il fait désormais partie de mes classiques favoris !

11 réflexions sur “Dracula, Bram Stoker

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