Instant bulles #7

A la suite du décès de sa mère, Charlie Rizzo part vivre chez son père, aveugle, à Chicago. Celui-ci lui révèle comment il a perdu la vue, une vérité bien plus sombre que l’histoire d’accident de chasse qu’il lui avait racontée jusqu’alors. Il sera question dans cette BD de la mafia italienne dans les années 20-30, du milieu carcéral, du pouvoir de l’imagination. La BD est assez exigeante, dense et philosophique par moment. Si j’ai apprécié la relation père-fils, assez touchante, et les passages en prison qui nous font ressentir le vécu des prisonniers en même temps qu’ils questionnent l’enfermement (au sens propre comme au figuré), je regrette l’insistance sur L’Enfer de Dante, fil rouge du récit. On se perd quelque peu dans les citations et les réflexions des personnages, qui alourdissent la narration. Les pages sont très sombres, ce qui ne rend pas la lecture toujours agréable, mais la noirceur et le foisonnement servent le propos et les dessins de Landis Blair ont une force évocatrice marquante.

Kokopello nous emmène dans les coulisses de l’Assemblée nationale, dans une BD à la fois ludique et pédagogique. Déplacements au sein de la circonscription, permanence parlementaire, examen des textes en commission et en séance, questions au gouvernement, mission parlementaire, commission d’enquête… tous les aspects du travail parlementaire sont abordés. Même si de par mes études et ma vie professionnelle, j’avais déjà une bonne connaissance de la diversité des missions des députés, c’est amusant d’avoir un aperçu de la vie au Palais Bourbon et de vivre au plus près le quotidien des députés. Les témoignages des députés, outre qu’ils donnent à voir une autre vision que le discours ambiant (« ils sont jamais dans l’hémicycle/ils sont déconnectés »), interrogent sur le rapport au citoyen et le rôle des parlementaires dans notre démocratie.

Cette BD traite des parcours douloureux des personnes qui souffrent d’infertilité, mais elle met aussi en avant la sororité de manière émouvante. Elle confronte Aimée, une femme en désir d’enfant, travaillant en crèche, et Charlie, une mère célibataire débordée. Aimée va s’attacher à son petit garçon, dont elle accepte de s’occuper pour dépanner la maman, au-delà du raisonnable. Et alors qu’elle juge un peu durement cette mère, cette rencontre va l’amener peu à peu à changer de regard, en même temps qu’une amitié se forme. On ressent beaucoup d’empathie pour les personnages, qui sont avant tout des humains avec leurs émotions et leurs défauts. La colorisation, dans les tons roses et violet, apporte une certaine douceur qui convient bien à l’histoire.

Dans les années 1920, le radium, récemment découvert, est utilisé pour ses propriétés luminescentes. Radium girls s’intéresse au destin des ouvrières américaines qui peignaient les cadrans des horloges avec des peintures à base de radium et qui, en raison de la technique du lip dip paint (elles portaient le pinceau à leur bouche), ont développé des maladies graves. Cette BD engagée est ainsi intéressante d’un point de vue historique, puisqu’elle met en lumière l’histoire de femmes victimes collatérales de l’industrie, et surtout révoltante du point de vue des droits des travailleurs et de la question de la santé au travail. En revanche, je n’ai pas accroché au style de dessin, colorié au crayon de couleur. J’ai trouvé également la BD un peu rapide, ce qui ne permet pas réellement de développer l’intrigue ni de s’attacher à la bande d’amies, d’autant que j’avais du mal à identifier les personnages qui sont toutes dessinées de manière similaire.

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