My dear f***ing Prince, Casey McQuiston

Il n’y a qu’à voir le nombre de commentaires sur Livraddict pour comprendre qu’on est en présence d’un phénomène Tiktok/Instagram.

De mon côté, même si je me méfie des effets de mode, j’ai tout de suite été attirée par ce pitch un peu décalé, une romance LGBT entre le fils de la présidente des Etats-Unis et un héritier de la famille royale britannique.

Que se passerait-il si le fils de la présidente des États-Unis et le prince d’Angleterre devenaient… beaucoup plus que des amis ?

Quand sa mère a été élue présidente des États-Unis, Alex Claremont-Diaz s’est aussitôt retrouvé propulsé au rang de prince de la nation. Charismatique, intelligent, charmeur… son potentiel de séduction auprès des millennials est un atout majeur aux yeux de la Maison-Blanche. Seul problème : Alex est l’ennemi personnel du vrai prince, Henry – celui dont la grand-mère règne de l’autre côté de l’Atlantique. Et, quand la presse met la main sur la photo d’une altercation entre les deux jeunes gens, les relations anglo-américaines s’enveniment… en pleine campagne de la présidente pour sa réélection !

Chefs de famille et chefs d’État – assistés d’une armée de conseillers aux abois – échafaudent à la hâte un stratagème pour réparer cet incident diplomatique : les deux rivaux sont donc contraints de feindre la réconciliation à longueur de mises en scène sur les réseaux sociaux. Mais cette fausse amitié ne tarde pas à se faire plus problématique que tout ce qu’ils auraient pu imaginer. Un secret bien gardé qui, s’il était révélé à la face du monde, pourrait faire dérailler la campagne de la présidente et compromettre l’image soigneusement lisse de la famille royale…

Bon. Je vais commencer par le négatif parce qu’étonnement je ne l’ai pas vu mentionné dans les nombreux avis dithyrambiques et que je ne m’y attendais pas du tout : le roman est bien trop cru pour le genre ! Honnêtement, à certains moments, on ne sait pas si on est en train de lire une romance young adult ou si l’on a choisi par inadvertance un roman érotique… Je suis assez surprise, voire un peu dérangée, de la présence de ces passages dans un roman qui sera potentiellement lu par de jeunes adolescents, surtout que je ne vois pas ce que cela apporte (mais enfin, c’est mon opinion de manière générale sur ce genre de descriptions explicites, pour ne pas dire vulgaires). Bref, vous l’aurez compris, la multiplicité des longues scènes de sexe, surtout dans la première moitié du roman, était de trop pour moi… De même, les longs échanges de textos ou de mails, avec un langage encore une fois assez cru ou totalement mièvre, donnent vraiment l’impression de lire de la mauvaise littérature…

Alors bien sûr, on est dans une romance et on sait à quoi s’attendre, mais simplement je trouve que l’auteure a mal dosé ces passages ou alors qu’ils ne sont pas assez bien écrits pour être agréables à la lecture. De même, la façon dont les personnages passent d’ennemis jurés qui se lancent des vacheries à soudain ne plus pouvoir se voir sans se sauter littéralement dessus est un peu too much… Le récit aurait gagné à chercher plus de nuances et de subtilités, plutôt qu’à insister sur les deux extrêmes comme pour bien signifier le trope ennemy-to-lovers.

De manière générale, le problème vient également du volume du roman. 600 pages, c’est bien trop long pour une romance, avec d’inévitables longueurs et des répétitions qui desservent le rythme de l’histoire et donnent parfois l’impression de tourner en rond. L’auteure aurait facilement pu couper un certain nombre de passages pour épargner le lecteur !

Vous allez me trouver dure. Pourtant, je vous rassure, j’ai globalement apprécié My dear f***ing Prince ! J’ai certes failli le lâcher, mais heureusement, cela devient un peu plus intéressant par la suite, et c’est ce qui fait que je ressors avec un ressenti positif de ma lecture.

Disons que, si j’ai été un peu dubitative sur la manière dont est conduite la romance, le roman traite néanmoins de sujets de fond intéressants. A travers cette histoire, My dear f***ing Prince questionne le niveau de tolérance et de maturité de notre société vis-à-vis de personnages publics ouvertement gays, y compris en politique. Et en réalité, même si la façon dont est dépeinte la famille royale est assez improbable, il me semble que l’auteure pose une vrai question, et pour le coup parfaitement sérieuse et réaliste : quelles seraient les réactions si aujourd’hui l’héritier de la Couronne était gay ? On n’a aucun mal à imaginer le tollé que cela provoquerait dans l’opinion publique et éventuellement les accords de confidentialité qui pourraient exister au sein de la famille royale britannique, voire l’imposition d’un mariage hétérosexuel de façade. Et finalement, à travers des personnages dont la visibilité publique et les contraintes en matière d’image et d’étiquette sont bien supérieures à celles d’un citoyen lambda, le fait même que l’homosexualité constitue un problème montre bien que la société est encore loin d’être tolérante et gay-friendly.

Outre la famille royale, la question se pose de manière plus large en politique, notamment pour une partie de la société américaine très conservatrice – et ce même si le roman a tendance à faire passer les Américains pour cools et modernes face aux Britanniques vieux-jeu.

Le roman prend également le temps d’explorer la politique américaine, un aspect qui m’a bien plu, d’autant qu’il est assez rare en littérature YA et est bien traité. Le récit se déroule en pleine campagne électorale, alors que la mère d’Alex se présente à sa réélection – soit le pire moment pour un scandale ! Ce dernier est passionné de politique et l’on va suivre en quelque sorte l’envers du décor avec le trio d’amis à la Maison blanche (Alex, sa sœur et leur meilleure amie).

My dear f***ing Prince est plein d’humour et parvient ainsi à parler de politique de manière amusante – même si bien sûr on ne cherche pas le réalisme en la matière.

NB : L’auteure explique avoir écrit le roman dans le contexte de l’élection de Trump et l’on comprend ainsi mieux sa démarche de redonner de l’optimisme et d’apporter un message d’espoir à travers une histoire politique positive dans un cadre réaliste.

En bref, malgré des passages assez laborieux et trop explicites à mon goût, My dear f***ing Prince s’avère une lecture divertissante qui mêle humour et politique, tout en questionnant la tolérance de notre société.

PS : En parcourant quelques commentaires, je vois que certains lecteurs, probablement plus jeunes, ont trouvé au contraire la romance toute mignonne et les notions politiques trop compliquées… Peut-être que je suis juste trop vieille pour lire ce genre de romans en fait hahaha

6 réflexions sur “My dear f***ing Prince, Casey McQuiston

  1. Moi qui était plus ou moins intéressée par ce livre, je crois que je vais passer mon chemin. Je déteste lorsqu’il y a des passages vraiment trop explicites, surtout dans un roman qui n’est pas érotique de base.
    Bisous

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