Indian Creek, Pete Fromm

Les températures négatives de cette semaine tombent à point nommé pour vous présenter Indian Creek, une de mes meilleures lectures de cet hiver.

Le garde commença à parler de bois à brûler. Je hochais la tête sans arrêt, comme si j’avais abattu des forêts entières avant de le rencontrer. – Il te faudra sans doute sept cordes de bois, m’expliqua-t-il. Fais attention à ça. Tu dois t’en constituer toute une réserve avant que la neige n’immobilise ton camion. Je ne voulais pas poser cette question, mais comme cela semblait important, je me lançai : – Heu… C’est quoi, une corde de bois ?

Ainsi débute le long hiver que Pete Fromm s’apprête à vivre seul au cœur des montagnes Rocheuses, et dont il nous livre ici un témoignage drôle et sincère, véritable hymne aux grands espaces sauvages. Indian Creek est un captivant récit d’aventures et d’apprentissage, un Walden des temps modernes.

Un homme qui passe un hiver en solitaire dans les bois pour veiller sur des œufs de saumon – dit comme ça, cela ne donne pas trop envie. Moi-même, s’il n’y avait eu le nom de Pete Fromm, j’aurais sans doute passé mon tour. Quelle erreur !

Car la plume de l’auteur, son sens de la narration, fait toute la différence. Je crois pouvoir dire, après mon coup de cœur pour Mon désir le plus ardent, le roman marquant La vie en chantier et cette troisième lecture, que Pete Fromm est une valeur sûre.

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Une éducation, Tara Westover

Bonjour à tous !

Je reviens pour vous parler d’une de mes dernières lectures marquantes du printemps, Une éducation.

Je lis assez rarement de la non-fiction, et d’ailleurs, quand j’ai ouvert ce livre, je pensais qu’il s’agissait d’un roman. En réalité, l’histoire est bien celle de l’auteure, ce qui la rend d’autant plus frappante.

Enfant, Tara Westover n’a jamais fréquenté l’école, ni vu de médecins, ni même été déclarée à l’administration parce que son père, mormon, ne croyait ni en la Médecine officielle ni en l’école publique, orchestrée par le diable. Il attendait la Fin des temps. Alors que son père s’enferme dans ses convictions survivalistes et radicales et qu’un de ses frères cède à la violence, Tara décide à seize ans de prendre son destin en main et de s’éduquer toute seule. Sa détermination l’éloignera de ceux qu’elle aime et l’emmènera au-delà des océans, d’Harvard à Cambridge sans qu’elle ne cesse de s’interroger. Quel est le prix à payer quand la loyauté envers sa famille entre en conflit avec la loyauté envers soi-même ?

Une éducation raconte le cheminement d’une jeune femme pour se détacher d’un environnement familial toxique et violent, et rompre avec l’endoctrinement.

L’auteure parvient à nous immerger dans son quotidien, à nous faire vivre ce que c’est que de grandir au sein d’une famille mormone, survivaliste, vivant à l’écart du monde moderne, se méfiant des institutions.

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Un enterrement et quatre saisons, Nathalie Prince

Quand on a tout construit ensemble, quand tout vous a liés, quand on a cherché à ce point la joie et l’exclusivité amoureuse, comment continuer après la disparition de l’homme de sa vie ? Sur quatre saisons, le deuil s’apprivoise à travers les petites et les grandes ironies de la vie. Ce sont ces infimes détails qui nous poussent à aller de l’avant.
Avec un ton mordant et un humour noir, Nathalie Prince nous fait rire de ce qu’elle traverse et partage sans ménagement le regard qu’elle pose sur les êtres et les choses. Pour le meilleur et pour le pire.

Je remercie les éditions Flammarion pour l’envoi de ce livre.

Lorsqu’on m’a proposé de découvrir Un enterrement et quatre saisons, j’ai un peu hésité car ce n’est pas un style que j’ai l’habitude de lire. Et puis je me suis dis que c’était l’occasion de sortir de ma zone de confort.

Surtout, je trouve que le thème du deuil est important en littérature, même s’il peut paraître rebutant [je lui avais d’ailleurs dédié un A la recherche…]. On est tous confronté à cette épreuve et je pense qu’on peut trouver du soutien dans un roman ou un témoignage abordant ce sujet. Surtout, parler du deuil est souvent l’occasion de célébrer l’amour et la vie.

J’étais assez curieuse de voir quel traitement Nathalie Prince allait en faire, puisque la quatrième de couverture mettait en avant l’humour – étonnant !

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Le Consentement, Vanessa Springora

J’ai lu Le consentement il y a quelques mois, peu de temps après sa sortie. Je n’avais pas encore eu le temps de vous en parler ici, mais même si l’emballement médiatique autour de Gabriel Matzneff s’est tassé, je tenais à revenir sur cette lecture.

Je me souviens avoir vu le passage de Vanessa Springora dans Quotidien et avoir été marquée par son témoignage particulièrement révoltant et fort en émotion. On était encore aux débuts de la médiatisation de l’affaire, et l’autrice sortait pour la première fois du silence pour évoquer son vécu derrière le livre. C’est à ce moment que je me suis dit qu’il fallait que je le lise.

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Journal d’un vampire en pyjama, Mathias Malzieu

couv25880087.jpg Ce livre est le vaisseau spécial que j’ai dû me confectionner pour survivre à ma propre guerre des étoiles. Panne sèche de moelle osseuse. Bug biologique, risque de crash imminent. Quand la réalité dépasse la (science-) fiction, cela donne des rencontres fantastiques, des déceptions intersidérales et des révélations éblouissantes. Une histoire d’amour aussi. Ce journal est un duel de western avec moi-même où je n’ai rien eu à inventer. Si ce n’est le moyen de plonger en apnée dans les profondeurs de mon cœur. 

* * *

De Mathias Malzieu, j’avais presque tout lu : son premier, La Mécanique du cœur, une révélation, d’ailleurs vendue à plus d’un million d’exemplaires ; Maintenant qu’il fait tout le temps nuit sur toi, plus grave car sur le deuil de sa mère, le deuxième roman chroniqué sur le blog ; puis, de retour dans une légèreté poétique, Le plus petit baiser jamais recensé. Il ne me restait que le dernier, sans doute le plus intime, Journal d’un vampire en pyjama.

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A la recherche… #12

A la recherche

A la recherche…d’essais féministes ∼

Lors du dernier rendez-vous, je vous proposais une sélection de romans féministes. Comme promis, aujourd’hui je reste dans le thème en vous présentant des essais. J’ai délibérément séparé les deux, car je conçois parfaitement que l’on puisse être intéressé par la thématique des droits des femmes et de l’égalité homme-femme sans pour autant vouloir se lancer dans des lectures assez théoriques ou plus politiques. Et puis j’avais tellement de références que c’était impossible de tout caser ! Je vous avoue tout de suite que je n’ai pas encore lu la plupart des essais que je cite, mais ils sont inscrits dans ma WL des livres à lire absolument.

Les précurseurs

On commence par trois classiques du genre. D’abord, Olympe de Gouges, une figure de la Révolution française, connue pour sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, dont quelques textes sont compilés dans « Femme, réveille-toi ! ». On saute quelques siècles pour rejoindre Virginia Woolf qui s’interroge sur le rapport entre les femmes et l’écriture, entre les femmes et le roman dans Une chambre à soi. Et comment ne pas mentionner Simone de Beauvoir et son Deuxième sexe ? Un mastodonte que je n’ai pas encore trouvé le courage d’attaquer !

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Quatre lectures sur le terrorisme

Aujourd’hui, je vous retrouve avec un ensemble de mini-chroniques un peu particulières. Parmi la sélection du Prix des chroniqueurs Web se trouvaient deux romans ayant pour thème les attentats et le djihadisme. J’ai lu le premier en novembre mais je ne l’avais pas chroniqué, faute de matière suffisante. A la lecture du deuxième, je me suis dit que ce serait bien de les regrouper pour vous faire un article thématique. J’ai donc complété ces lectures par deux autres, et me voilà !

couv21139034A la place du cœur, Arnaud Cathrine

Depuis que la France est frappée par le terrorisme, beaucoup de romans, en particulier jeunesse, se sont emparés du sujet. A la place du cœur en fait partie. On suit Côme et ses amis à la période des premiers émois adolescents et du choix de l’orientation en Terminale. L’attentat de Charlie Hebdo puis de l’Hypercacher vont provoquer de nouveaux bouleversements à gérer. Le roman m’a ému en me replongeant dans les jours suivant les attentats de janvier 2015. J’y ai retrouvé mes réactions et sentiments, le choc, les craintes pour l’avenir et la situation de notre pays, tout comme l’envie de se mobiliser lors des rassemblements qui ont suivi. J’ai par contre beaucoup moins accroché à l’histoire d’amour naissante entre les deux ados et le contexte lycéen. Le côté « jeunesse » m’a empêché de l’apprécier pleinement. Quoi qu’il en soit, il me semble important que la littérature puisse, à son niveau, aider les jeunesse à affronter ce traumatisme.

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