Un bûcher sous la neige, Susan Fletcher

Au cœur de l’Écosse du XVIIᵉ siècle, Corrag, jeune fille accusée de sorcellerie, attend le bûcher. Dans le clair-obscur d’une prison putride, le révérend Charles Leslie, venu d’Irlande, l’interroge sur les massacres dont elle a été témoin. Depuis sa geôle, la voix de Corrag s’élève au-dessus des légendes de sorcières et raconte les Highlands enneigés, les cascades où elle lave sa peau poussiéreuse. Jour après jour, la créature maudite s’efface. Et du coin de sa cellule émane une lumière, une grâce, qui vient semer le trouble dans l’esprit de Charles.

J’ai commencé ce roman sans attente particulière, simplement parce qu’il me paraissait parfait pour la saison. Je ressors de ma lecture avec l’assurance qu’il s’agit là d’un de mes coups de cœur de 2022.

Contrairement à d’autres, je ne cours pas après les histoires de sorcières, même s’il s’agit d’un thème à la mode. Pourtant, le roman de Susan Fletcher m’a tout de suite convaincue.

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Filles de la mer, Mary Lynn Bracht

Si j’aime les romans historiques, c’est avant tout pour découvrir des pans de l’histoire qui m’étaient inconnus. Grâce aux Filles de la mer, j’ai découvert une partie de l’histoire coréenne pendant la Seconde guerre mondiale et la guerre civile de 1950 à 1953.

Corée, 1943.

Hana a vécu toute sa vie sous l’occupation japonaise. En tant que haenyeo, femme plongeuse en mer, elle jouit sur l’île de Jeju d’une indépendance que peu d’autres Coréennes peuvent encore revendiquer. Jusqu’au jour où Hana sauve sa sœur cadette d’un soldat japonais et se laisse enlever à sa place. Elle devient alors, comme des milliers d’autres Coréennes, une femme de réconfort en Mandchourie.

Comme souvent dans les romans historiques, les chapitres alternent entre passé et présent. Et bien que généralement je me lasse de ce procédé (surtout lorsque la partie à l’époque actuelle apporte peu à l’histoire), ici la construction à deux temporalités apporte une vraie plus-value, parce qu’elle confronte le passé à la Mémoire.

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Par amour, Valérie Tong-Cuong

J’ai ce roman dans ma PAL depuis près de 3 ans. Cela remonte à l’époque où je participais au Prix littéraire des chroniqueurs Web, organisé par Little Pretty Books. By the way, j’avais adoré cette expérience qui m’avait permis de découvrir de belles pépites. Toujours est-il que je m’étais concocté un programme ambitieux, et Par amour était resté sur la touche. Depuis, je ne sais pas, le roman a pris la poussière dans ma bibliothèque et ne me faisait plus trop envie… Jusqu’à ce que je me décide enfin !

Deux familles emportées dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale: d’un côté, Joffre et Émélie, concierges d’école durs au mal, patriotes, et leurs enfants ; de l’autre, le clan de Muguette, dont l’insouciance sera ternie par la misère et la maladie. Du Havre à l’Algérie où certains enfants seront évacués, cette fresque puissante met en scène des personnages dont les vies s’entremêlent à la grande Histoire, et nous rappelle qu’on ne sait jamais quelles forces guident les hommes dans l’adversité.

Des romans sur la Seconde guerre mondiale, il y en a des tas. C’est sûrement pour cela que je rechignais tant à démarrer ma lecture. Pourtant, Valérie Tong-Cuong a choisi pour son livre un angle intéressant, la vie des habitants du Havre sous l’Occupation.

Joffre et Emélie sont concierges d’une école bientôt occupée par les Allemands. Muguette, la soeur d’Emélie, attend désespérément le retour de son mari parti à la guerre. Leurs quatre enfants vivent cette période chacun à leur manière : Marline a subitement arrêté de parler ; Joseph s’est promis de la protéger ; Jean voudrait grandir plus vite pour aider sa mère et rendre fier son père ; Lucie voudrait retrouver une vie normale.

Leurs points de vue se succèdent au fil des chapitres pour nous conter l’histoire. J’ai eu un peu de mal à entrer dans le roman précisément à cause de cette construction et du récit à la première personne. Il faut dire que je ne suis pas une grande adepte des récits à multiples narrateurs, le risque étant de créer des répétitions et le sentiment que l’histoire n’avance pas, puisque les mêmes évènements nous sont racontés sous différents angles – même si je reconnais que ce procédé permet d’amener du suspens et des retournements de situation. Ce bémol mis à part, j’ai été séduite par l’écriture de Valérie Tong-Cuong.

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Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, Mary Ann Shaffer et Annie Barrows

Dix ans (au sens propre) après tout le monde, j’ai enfin lu Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates !

Comme j’aime bien faire les choses dans le désordre, j’avais découvert il y a quelques années Le secret de la manufacture de chaussettes inusables, écrit par Annie Barrows, la nièce de Mary Ann Shaffer, qui l’ai aidé à écrire son Cercle littéraire.

Janvier 1946. Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d’un inconnu, natif de l’île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre un monde insoupçonné, délicieusement excentrique ; celui d’un club de lecture au nom étrange inventé pour tromper l’occupant allemand : le « Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates ». De lettre en lettre, Juliet découvre l’histoire d’une petite communauté débordante de charme, d’humour, d’humanité.

Première chose : j’ai eu la surprise de m’apercevoir que Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates était un roman épistolaire. Comment peut-on entendre autant parler d’un roman et ne pas savoir une chose aussi essentielle ? Mystère.

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Les Trois mousquetaires, Alexandre Dumas

couv4131012Muni d’une lettre de recommandation de son père pour Monsieur de Tréville, D’Artagnan, jeune gascon désargenté de 18 ans, monte à Paris avec l’ambition de faire carrière dans le prestigieux corps des mousquetaires du roi Louis XIII. Après une provocation en duel, il se lie d’amitié avec les trois mousquetaires Athos, Porthos et Aramis. Au service du couple royal, les quatre amis s’opposent au cardinal de Richelieu et à ses agents. Sur fond de conflit avec les Anglais et de complot autour de la reine, ils devront déjouer les intrigues politiques,  échapper à leurs ennemis et affronter la belle et redoutable Milady de Winter, espionne du cardinal. 

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Grâce au challenge Solidaires 2019, j’ai enfin lu le célébrissime classique d’Alexandre Dumas, Les Trois mousquetaires. Cela a plutôt mal commencé, et pourtant j’ai adoré !

En effet, le début a failli me dissuader de continuer. L’histoire met du temps à démarrer et s’ouvre plutôt comme un roman d’initiation où l’on suit les péripéties du jeune D’Artagnan jusqu’à son arrivée à Paris. L’obsession du garçon à chercher la gloire et la fortune, la pauvreté de son équipement, sa naïveté et son inexpérience du combat en font presque une caricature à la Don Quichotte. Son ignorance des codes, son caractère trop emporté, son orgueil trop vite blessé, sa façon de provoquer tous ses interlocuteurs en duel après la moindre remarque, ont eu tendance à m’agacer. De la même façon, les parties plus historiques, décrivant les rapports de force entre le Roi et le cardinal, le conflit opposant Anglais et Français, catholiques et protestants, le siège de la Rochelle, m’ont moins intéressée. Mais ne vous arrêtez pas à cela, car une fois passées les 100-150 premières pages, on est lancé dans l’intrigue, et l’on ne lâche plus.

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Les Enfants de Venise, Luca Di Fulvio

couv21261513 Venise, 1515. Peu de villes auront connu autant d’injustices, de dangers, de misère et de vices. De liberté, aussi. Liberté pour Mercurio, petit voleur des rues, as du déguisement, pour qui le pavé romain est devenu trop brûlant. Liberté pour Giuditta, jeune et belle Juive, dont la religion semble ici tolérée – mais pour combien de temps ? Rien ne les vouait à s’aimer. Pourtant… Entre inquisiteurs et courtisanes, palais, coupe-gorge et canaux putrides, les amants de Venise feront mentir le destin…

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Luca Di Fulvio, déjà bien connu en Italie, est en passe de devenir un véritable phénomène littéraire en France, depuis la publication par Slatkine et Compagnie et Pocket de deux de ses romans phares.

C’est confirmé, l’auteur italien aime les pavés. Il réussit même l’exploit de faire plus long que son roman précédent et ses 900 pages (je n’ose pas dire combien celui-ci en compte, de peur de vous effrayer). J’ai préféré Le Gang des rêves, même si celui-ci m’a plu. J’ai mis plus de temps à rentrer dans l’histoire et à m’attacher aux personnages. Sans doute est-ce du aux quelques longueurs avant que l’intrigue ne soit réellement lancée et à l’aspect historique très présent. L’ambiance pesante et l’insistance sur la thématique religieuse me correspondaient moins.

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Hhhh, Laurent Binet

41g2mc7knl-_sx307_bo1204203200_ Prague, 1942, opération « Anthropoïde » : deux parachutistes tchèques sont chargés par Londres d’assassiner Reinhard Heydrich, le chef de la Gestapo et des services secrets nazis, le planificateur de la Solution finale, le « bourreau de Prague ». Heydrich, le bras droit d’Himmler. Chez les SS, on dit de lui : « HHhH ». Himmlers Hirn heiβt Heydrich le cerveau d’Himmler s’appelle Heydrich. Dans ce livre, les faits relatés comme les personnages sont authentiques. Pourtant, une autre guerre se fait jour, celle que livre la fiction romanesque à la vérité historique. L’auteur doit résister à la tentation de romancer. Il faut bien, cependant, mener l’histoire à son terme…

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Je n’avais pas gardé un très bon souvenir de La Septième fonction du langage, le dernier roman de Laurent Binet, que j’avais abandonné. J’ai décidé cependant de lui redonner une chance avec HHhH, Prix des lecteurs du Livre de Poche en 2011 et Prix Goncourt du 1er roman en 2010, vendu à 250 000 exemplaires. Rien que ça ! Je peux maintenant dire que ce qui m’avait déplu dans La Septième fonction du langage était certainement le sujet et non le style de l’auteur, qui a totalement su me convaincre cette fois.

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Le casse-tête des genres littéraires

Bonjour à tous !

On se retrouve aujourd’hui avec un article différent de d’habitude. En écrivant mon article sur mes genres littéraires préférés, j’ai été confrontée à quelques difficultés pour faire émerger des genres et classer les romans dans les catégories. Je me suis rendue compte que les définitions étaient assez floue pour moi et que j’hésitais souvent sur le genre d’appartenance. Je me suis donc attelée à une tâche que je prévoyais depuis plusieurs mois, et après des recherches, je suis en mesure de vous parler plus clairement des genres ambigus !

Autant préciser tout de suite : je n’ai pas fait d’études de lettres, je ne prétends pas être spécialiste. J’écris avant tout cet article pour tous ceux qui ont tendance, comme moi, à être perdu dans les classifications, et pour vous donner mon interprétation de certaines étiquettes littéraires.

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Mes genres littéraires favoris

Bonjour à tous !

Le Top Ten Tuesday de la semaine dernière m’a donné l’idée de vous présenter mes genres littéraires favoris. Il ne devrait pas y avoir de surprise pour la plupart, puisque ce sont les plus présents sur le blog ! Cela reste quand même assez diversifié. Je vous ai mis à chaque fois comme exemple quelques-uns de mes livres préférés de chaque genre.

 

Le contemporain

On peut difficilement faire plus large que le genre contemporain. Il me semble qu’il renvoie à tous les romans réalistes de littérature adulte se déroulant à l’époque actuelle. En somme ceux qui n’appartiennent pas aux autres genres. Plus précisément, j’ai un faible pour les histoires de famille, les destins de femmes et ceux qui suivent leurs personnages sur le temps long.

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