Les quatre filles du docteur March, Louisa May Alcott

Dans une petite ville du Massachussetts, durant la guerre de Sécession, une famille modeste, quatre jeunes sœurs et leur mère, guette avec inquiétude chaque lettre du père parti au front. Mais rien ne peut arrêter la jeunesse, et la vie continue à façonner les destinées de Meg, l’aînée pragmatique et conformiste, Amy la frivole, Jo, la romancière en herbe et féministe avant l’heure, et la douce Beth, à la santé fragile. De l’enfance à l’âge adulte, confrontées à la découverte de soi, elles partagent une joie de vivre débordante apprenant la sororité, l’amitié mais aussi le sacrifice. Ensemble, ces quatre adolescentes impétueuses sauront réclamer à ce monde bien plus qu’il ne semble pouvoir leur offrir.

Heureusement que Gallmeister est là pour rééditer des classiques américains, qui n’étaient disponibles en français que dans des éditions abrégées pour la jeunesse. Car Les quatre filles du docteur March est bien plus qu’un livre à destination des jeunes filles.

Certes, la morale est très présente, donnant parfois au roman un air de Petites filles modèles. Les expériences vécues par les enfants March sont ainsi toujours pour leur mère l’occasion d’en tirer une leçon de vie pour faire l’éducation de ses filles.

Mais au-delà de cet aspect un peu désuet et moralisateur, le roman de Louisa May Alcott retrace surtout quatre destins de femmes. Chacune des filles a sa personnalité, ses passions, ses ambitions, et on va suivre leur évolution, de leurs rêves d’enfants à la vie adulte.

Il y a la jolie Meg, l’aînée, la raisonnable, qui aspire à une belle maison et un foyer aimant.

Il y a Jo, audacieuse et impulsive, qui aurait préféré être un homme pour ne pas avoir à se soucier de son apparence et des bonnes manières et pouvoir se livrer sans contrainte à toutes ses activités favorites. Elle rêve de devenir une écrivaine célèbre.

Il y a la douce et timide Beth, passionnée de musique, dont la modeste ambition se résume à rester auprès de sa famille et apporter de l’amour à ses proches.

Il y a enfin la coquette Amy, artiste et éternelle insatisfaite, malheureuse de sa condition, qui se rêve en dame de la haute société avec de belles toilettes.

Au fil des pages, on voit les personnages grandir, évoluer, mûrir et s’assagir, et il est intéressant de confronter les femmes qu’elles sont devenues avec les enfants qu’elles étaient, et leur situation avec les châteaux en Espagne qu’elles avaient façonnés.

Le roman donne une place particulière à Jo, et c’est probablement la plus intéressante de la fratrie, grâce à son caractère détonnant, ses revendications féministes avant l’heure et son amitié avec Laurie qui oscille entre la franche camaraderie et des sentiments plus ambigus.

Cette lecture est un vrai cocon, doux et plein de bons sentiments. On se sent bien au côté de cette famille heureuse et soudée, qui devra cependant faire face à un certain nombre d’épreuves. Malgré l’indéniable connotation religieuse des messages portés, le roman met en avant des principes dont il est toujours bon de se rappeler : apprendre à se satisfaire de sa situation plutôt que s’apitoyer sur son sort, être reconnaissant pour ce que l’on a plutôt que regretter ce que l’on n’a pas, ne pas se laisser submerger par des contrariétés ou des disputes futiles, se recentrer sur ce qui importe réellement (être entouré de l’amour de ses proches et en bonne santé).

En bref, un classique au charme un peu désuet, mais qui séduit grâce à des personnages attachants dont on suit avec plaisir la destinée. Une fresque familiale qui raconte finalement de manière assez universelle le passage à l’âge adulte, les difficultés et les joies de la vie.

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9 réflexions sur “Les quatre filles du docteur March, Louisa May Alcott

  1. J’ai lu l’ancienne version de ce livre, quand j’avais environs 10 ans. J’ai aimé sa douceur, sa simplicité et la sophistication de son lexique. Mais je n’avais pas vraiment discerné les messages glissés dans l’ouvrage ; il faudrait que je réitère ma lecture ! Par ailleurs, j’avais été très impressionnée d’apprendre que l’auteure de ce grand classique était seulement âgée de 16 ans !!

    Une très belle chronique en tout cas, qui m’encourage à retenter ce livre 😉

    Aimé par 1 personne

    • Tu m’apprends quelque chose, 16 ans, c’est impressionnant !!
      J’aurais bien aimé avoir découvert ce classique enfant et comparé mon ressenti en tant qu’adulte ! En tout cas je pense que l’expérience devrait être intéressante, surtout grâce à la nouvelle version !

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