Les lendemains, Mélissa Da Costa

Alors que j’étais en vacances dans le Cantal, je me suis retrouvée en rade de livres à lire. Comme je ne me voyais pas passer les derniers jours de mon séjour sans lecture, j’ai profité d’un passage en ville pour faire un saut en librairie (pour une fois que j’avais une bonne excuse pour faire grossir ma PAL haha). En parcourant un peu au hasard les étalages, je suis tombée sur le roman de Mélissa Da Costa, qui se déroulait en Auvergne. J’ai aimé le clin d’œil alors j’ai décidé de tenter la découverte !

Réfugiée dans une maison isolée en Auvergne pour y vivre pleinement son chagrin, Amande ne pensait pas que l’on pouvait avoir si mal. Les jours se suivent et dehors le soleil brille, mais, recluse, elle refuse de le voir. Lorsqu’elle tombe par hasard sur les calendriers horticoles de l’ancienne propriétaire des lieux, elle décide pourtant, guidée par les annotations manuscrites de Madame Hugues, d’essayer de redonner vie au vieux jardin abandonné. Au fil des saisons, elle va puiser dans ce contact avec la terre la force de renaître et de s’ouvrir à des rencontres uniques. Jusqu’à ce que chaque lendemain redevienne, enfin, une promesse d’avenir.

Tout simplement bouleversant. Malgré la thématique assez difficile, j’ai dévoré Les Lendemains en quelques jours, portée par la puissance du récit, le réalisme des personnages que l’on a l’impression de côtoyer pour de vrai, les émotions fortes parfaitement retranscrites et finalement la beauté du message.

Amande a presque 30 ans lorsqu’elle perd brutalement son mari. Elle se sent incapable de reprendre sa vie normale, perdue dans une zone grise où plus rien n’a de sens, avec l’impression de ne plus savoir vivre dans le monde.

Alors elle décide de louer une maison isolée en Auvergne, comme pour se couper du monde et n’avoir pas à affronter les gens, la vie qui continue, le quotidien qui lui semble insurmontable. Elle se mure dans sa solitude, dans son silence, fuyant l’extérieur, le contact humain, même le chat qui passe dans le jardin.

La découverte d’un carnet et la rencontre avec Julie, la fille de l’ancienne propriétaire, vont la conduire, un peu sur un coup de tête, à se lancer dans un projet fou : faire revivre le jardin abandonné de la maison. Entre doute et découragement, elle qui ne vient pas de la campagne et n’a jamais jardiné, va suivre les instructions de la vieille dame et se mettre au travail.

Elle se surprend à se consacrer pleinement à la terre et à y prendre goût. Avançant étape par étape, jour après jour, une saison après l’autre, elle va finalement trouver, dans la proximité avec la nature et le jardinage, le chemin vers la guérison et la source de petites joies qu’elle ne pensait plus possibles : se réjouir du beau temps, des semis qui lèvent bien, d’un plant qui donne…

Petit à petit, elle laisse de nouveau le vivant venir vers elle. Elle découvre les petits bonheurs simples que la nature a à offrir : s’occuper du chat qui a fini par s’imposer, découvrir un nid d’oiseaux, observer les nouvelles pousses et les fleurs qui éclosent, cueillir les premiers fruits issus de son travail.

Les lendemains est l’histoire d’une reconstruction, mais pas d’une reconstruction éclair. L’auteure ne tombe pas dans le pathos ni ne cède à la facilité de l’héroïne qui après quelques semaines rebondit et tourne la page ou fait une nouvelle rencontre amoureuse, comme on peut le voir dans d’autres romans.

Au contraire, elle montre que le deuil est long et complexe. Ce n’est pas une ligne droite, il peut y avoir des progrès et des rechutes, avec des moments où l’on croyait aller mieux mais où finalement on ne se sent pas assez fort pour faire face, avec des dates plus douloureuses que d’autres.

Il y a énormément de justesse dans la description du ressenti du personnage et du processus de deuil – au point que je me suis même demandée si l’auteure n’avait pas vécu une épreuve similaire. De même, les relations avec les proches sont bien décrites, avec des moments de cohésion et des moments plus distants ou plus tendus, chacun ayant sa manière de faire son deuil et de gérer son chagrin.

De manière générale, les personnages de Mélissa Da Costa dégagent beaucoup d’humanité et une bienveillance qui fait du bien, que ce soit à travers le soutien mutuel des membres de la belle-famille ou la jolie amitié qui se tisse avec Julie.

Amande, avec sa douleur et ses difficultés, est particulièrement attachante, et ce d’autant qu’elle n’est pas toujours forte. Elle progresse lentement, un pas après l’autre, vers les objectifs qu’elle se fixe : laisser entrer la lumière, les gens, célébrer, partager….jusqu’à laisser partir. De petite victoire en petite victoire, elle va ainsi trouver le courage d’affronter les lendemains.

Les lendemains est un beau roman sur le deuil, mais aussi un hymne à la nature et à la reconnexion avec le vivant. Car c’est en puisant dans le monde qui l’entoure que l’héroïne va renouer avec la vie et trouver la ressource pour envisager l’avenir.

On sort touché de cette lecture, ému mais souriant, et enrichi.

8 réflexions sur “Les lendemains, Mélissa Da Costa

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