Un enterrement et quatre saisons, Nathalie Prince

Quand on a tout construit ensemble, quand tout vous a liés, quand on a cherché à ce point la joie et l’exclusivité amoureuse, comment continuer après la disparition de l’homme de sa vie ? Sur quatre saisons, le deuil s’apprivoise à travers les petites et les grandes ironies de la vie. Ce sont ces infimes détails qui nous poussent à aller de l’avant.
Avec un ton mordant et un humour noir, Nathalie Prince nous fait rire de ce qu’elle traverse et partage sans ménagement le regard qu’elle pose sur les êtres et les choses. Pour le meilleur et pour le pire.

Je remercie les éditions Flammarion pour l’envoi de ce livre.

Lorsqu’on m’a proposé de découvrir Un enterrement et quatre saisons, j’ai un peu hésité car ce n’est pas un style que j’ai l’habitude de lire. Et puis je me suis dis que c’était l’occasion de sortir de ma zone de confort.

Surtout, je trouve que le thème du deuil est important en littérature, même s’il peut paraître rebutant [je lui avais d’ailleurs dédié un A la recherche…]. On est tous confronté à cette épreuve et je pense qu’on peut trouver du soutien dans un roman ou un témoignage abordant ce sujet. Surtout, parler du deuil est souvent l’occasion de célébrer l’amour et la vie.

J’étais assez curieuse de voir quel traitement Nathalie Prince allait en faire, puisque la quatrième de couverture mettait en avant l’humour – étonnant !

Nathalie Prince a écrit des ouvrages philosophiques avec son mari Christophe Prince. Un enterrement et quatre saisons est différent de ses livres précédents, beaucoup plus intime, puisqu’elle y témoigne de la perte de son mari et du processus de deuil.

L’auteure raconte les jours d’après, la maladresse des gens qui ne savent plus comment vous parler, les « ça va » qui n’attendent pas de réponse. Elle raconte aussi toutes les choses dont il faut s’occuper, l’organisation de la cérémonie, les démarches administratives qui pèsent, l’absurdité de certaines situations. Certains épisodes nous font tomber des nues, comme ce courrier reçu un an après la mort de son mari pour l’informer du traitement de ses données personnelles, ou encore les règles ridiculement strictes qui l’empêchent de planter des fleurs autour de la tombe de son mari.

Elle raconte toute cela avec son franc-parler et une dose d’ironie. C’est vrai qu’on ne sait plus trop s’il faut en rire ou en pleurer tellement cela parait insensé et dérisoire.

Le livre est aussi touchant, lorsqu’elle s’adresse à son mari pour évoquer des souvenirs ou comme pour le prendre à témoin, garder la complicité intacte. Au fil des saisons, Nathalie Prince partage son cheminement, les choses qui l’ont agacée et celles qui l’ont aidée, la relation avec ses enfants qui doivent eux aussi faire leur deuil, la recherche d’une identité à trouver sans l’autre. Parce qu’un deuil, c’est avant tout devoir réapprendre à vivre dans un monde où plus rien ne sera jamais comme avant.

Je terminerai ma chronique avec ce qui m’a dérangée. Le livre est plein de références littéraires ou philosophiques, parfois lancées au détour d’une phrase comme si cela allait de soi, parfois développées au point qu’on a l’impression de suivre un cours. Probablement parce que c’est une passion qui l’anime et qu’elle partageait avec son mari. Mais cela alourdit la lecture et tend à exclure un lecteur qui ne connaîtrait pas l’œuvre ou l’auteur dont il est question.

Par ailleurs, j’ai eu la désagréable impression qu’il y avait chez l’auteure un certain mépris, d’abord envers ceux qui ne partageraient pas le même capital culturel, et surtout envers les fonctionnaires de l’administration. Le portait qui en est fait est particulièrement négatif, donnant l’impression qu’ils ont tous l’esprit étriqué et ne servent pas à grand chose si ce n’est à appliquer des procédures et imposer des formalités. Il se trouve que c’est un sujet auquel je suis attentive puisque je travaille dans l’administration. Bien sûr, je reconnais qu’il y a parfois des lourdeurs et des dysfonctionnements. Je sais aussi que l’auteure ne fait que raconter une expérience, elle est probablement mal tombée, et dans un contexte de deuil c’est d’autant moins supportable. Mais de là à décrire un agent de l’administration de manière insultante et condescendante, sous-entendant que s’il fait ce métier il a raté sa vie…c’est un pas que je ne franchirai pas et qui m’a heurté. Alors oui, ce n’est qu’un passage du livre et d’autres lecteurs ne l’auraient probablement même pas relevé. Malheureusement, je n’ai pas pu totalement passer outre et cela a altéré mon ressenti sur cette lecture.

En bref, un témoignage original sur le deuil, servi par une plume qui sait être à la fois drôle, sarcastique et touchante. Je regrette cependant la multiplicité des références littéraires et la tendance de l’auteure à juger et critiquer trop abruptement.

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