La Maladroite, Alexandre Seurat

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Diana, huit ans, a disparu. Ceux qui l’ont approchée dans sa courte vie viennent prendre la parole et dire ce qui s’est noué sous leurs yeux : grand-mère, tante, demi-frère, instituteurs, directrices d’école, médecins, assistantes sociales, gendarmes, procureur… – tous impuissants à empêcher la répétition du pire.

* * *

Ce sera une chronique courte pour roman court, que j’ai lu d’une seule traite.

Alexandre Seurat s’inspire d’un tragique fait divers, la mort d’une petite fille, battue par ses parents. Il se saisit du sujet de la maltraitance pour dénoncer l’horreur et interroger les mécanismes qui conduisent à de tels drames.

Le roman m’a rappelé Je me suis tue de Mathieu Menegaux, par la concision, la dureté du sujet, la proximité des thématiques, l’intérêt pour le système judiciaire. Comme ce dernier, c’est un roman choc, coup de poing.

La Maladroite fait à peine une centaine de pages. Au début, j’étais méfiante, par peur que l’auteur n’aille pas au bout des choses en si peu de place. Pourtant, je crois finalement que la brièveté participe à créer l’intensité de l’histoire et l’émotion.

Maîtresse d’école, directrice, tante, grand-mère, frère, médecin scolaire, gendarme,… Les personnages se succèdent pour nous raconter l’histoire. On a l’impression d’assister à une pièce de théâtre, où les acteurs entrent tour à tour sur scène. Mais comme une tragédie, les dés sont déjà joués, et rien de ce qui ne sera dit ou fait ne pourra empêcher l’issue fatale. Le style est particulier, fait de longues phrases qui nuisent parfois à la compréhension et à la fluidité de la lecture. La narration crée une distance assez étrange en ne relatant le point de vue que d’acteurs extérieurs, qui n’ont eu qu’une vision partielle de l’affaire et qui racontent après coup les faits.

Ici, les personnages ont chacun été témoins d’un morceau du drame, et ont sans doute chacun une part de responsabilité. Mais face à la difficulté de recueillir des preuves, face à la comédie parfaitement scénarisée par les parents, face au mutisme de l’enfant (est-ce parce qu’elle a intégré le rôle que ses parents lui ont dicté ? parce qu’elle craint les représailles ? parce qu’elle finit par penser qu’elle mérite les coups ?),  le statu quoi l’emporte.

Finalement, au-delà de la violence dont sont coupables les parents, c’est tout un système qui a failli à protéger l’enfant. C’est terrible de voir les défauts de prise en charge, les lenteurs, les hésitations des professionnels scolaires et de santé à agir. Ce sont toutes ces failles, mises bout à bout, qui engendrent le drame.

Il faut être bien accroché car le sujet est difficile. J’ai ressenti une telle répugnance envers les parents de Diana (comment peut-on faire ça à son enfant ?!!), une telle douleur quand je m’imaginais ce que la petite fille devait subir, une telle colère face à l’horreur de la situation et une telle indignation face à l’impuissance des acteurs pour arracher l’enfant à son calvaire et empêcher le drame. En tant que lecteur, on connait l’issue, et on a envie de crier à tous d’agir tant qu’il est encore temps, de mettre fin à la maltraitance, de sauver la petite fille.

* * *

En bref, j’ai pris une grande claque avec ce roman sur la maltraitance. Inclassable, douloureux mais nécessaire, vous n’en sortirez pas indemne. 

 

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4 réflexions sur “La Maladroite, Alexandre Seurat

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