[15 jours que je n’ai pas posté une chronique roman… Il est temps de reprendre les bonnes habitudes ! ]
Après avoir volé de l’alcool dans un supermarché et manqué de renversé une dame, Ben, 16 ans, doit suivre un » parcours de réinsertion pour jeunes délinquants » et, dans ce cadre, s’inscrire à un cours de tricot. Autant dire que ça ne l’enchante pas. Mais Ben accepte de jouer le jeu, tant que Megan (la fille dont il est amoureux), son père, ses copains…bref, tant que PERSONNE n’est au courant. Le hic, c’est qu’il se découvre une passion dévorante pour le tricot. Et bientôt, il ne pense plus qu’à ça : point mousse, douceur et couleur de laines, patrons compliqués. Au point de cacher des aiguilles sous son lit, de participer à des concours, de vendre ses créations sur Internet et de transformer sa vie…en grosse pelote de mensonges impossible à démêler !
* * *
Ces derniers temps, j’ai lu pas mal de Young adult et j’ai eu le plaisir de découvrir de vrais pépites ! J’ai hâte de vous parler de ces romans qui sortent des clichés et nous prouvent une fois pour toutes qu’il y a de la qualité dans la littérature jeunesse – et j’oserai même dire qu’elle plaira aux adultes 😉
Comme je suis assez faible, j’avoue que je me suis décidée à lire ce livre surtout à cause du titre, repéré sur un blog il y a longtemps – pas à cause de la couverture, particulièrement hideuse dans le genre kitch. Il arrive souvent que les éditeurs misent sur une couverture originale, voire tapageuse, pour attirer l’œil des lecteurs. Il est moins rare, cela dit, que le contenu soit aussi singulier que l’aspect extérieur ne le laissait penser. Or, pour une fois, je trouve que T. S. Easton remplit bien son pari !
C’est frais, c’est drôle, c’est vif. Je me suis laissée embarquée dans l’histoire et je l’ai lu à toute vitesse ! Que ce soit par le thème traité, l’ambiance ou le personnage principal, le roman sort du lot et mérite d’être remarqué. Dans l’ensemble, on reste dans quelque chose d’assez léger, plein de bons sentiments – ce qui a tout pour me plaire, mais je préfère prévenir.
Ben, un garçon sans histoire, se retrouve à devoir suivre une période de probation après avoir malencontreusement renversé une dame. Parmi les activités, il finit, la mort dans l’âme, par choisir le tricot. Et pourtant, il va peu à peu se prendre d’intérêt pour ce passe-temps de mamie et se découvrir un vrai talent. Au fil des semaines, il apprend les secrets des patrons, des mailles et des aiguilles, jusqu’à participer à une compétition.
J’ai adoré le ton et l’originalité du sujet : le tricot, il fallait oser ! Le thème est présent dans le roman sans l’être trop lourdement. Juste ce qu’il faut pour avoir envie de s’y mettre tout de suite !
Le récit prend la forme d’un journal intime dans lequel Ben raconte ses mésaventures. Le ton est percutant, le garçon a de l’esprit et un très bon sens de la répartie, assez rare pour son âge. Les répliques sont franchement drôles ! J’ai aimé sa personnalité. C’est le genre un peu looser, assez bon à l’école, qui veut plaire aux filles mais se retrouve à trainer avec ses amis aussi peu glorieux que lui. On sent qu’il est vraiment gentil, il veut bien faire, même quand il fait des erreurs ou qu’il est entrainé dans de mauvais coups avec sa bande de copains. Il a une poisse incroyable et se met toujours dans des situations impossibles… Heureusement, la roue tourne !
[Le seul point qui m’a franchement agacée et fait plus d’une fois lever les yeux au ciel, ce sont les amis de Ben. Dans le genre bande de machos obsédés sans cervelle… Au secours !]
Certes, le début du roman est un peu plat. On y retrouve le quotidien d’un ado : les tensions avec les parents, les cours, les potes,… Mais je pense que cela parlera aux lecteurs du même âge car le point de vue de Ben reflète avant tout les préoccupations d’un garçon de 16 ans (le bac, les premiers émois, les tentatives désespérées pour séduire les filles, les crush sur la prof…).
D’ailleurs, la suite a tendance à tomber dans le travers inverse, avec un enchainement de péripéties exagéré, pas du tout crédibles. Cette loufoquerie est cependant assumée et probablement totalement volontaire de la part de l’auteur. Entre le personnage de la vieille dame, Mrs Fentsham, qui le bombarde devant sa maison ou la compétition de tricot qui tourne au désastre, Ben n’est pas au bout de ses peines !
J’ai été un peu moins convaincue par sa situation familiale, entre le père typique du beauf (mécano machiste obsédé fan de foot) et la mère magicienne (?). Les parents font quand même des blagues sexuelles (bien lourdingues) devant leur fils, c’est franchement malsain !
Cela dit, même en ayant choisi le parti pris de l’humour, T.S. Easton parvient, l’air de rien, à aborder des sujets plus sérieux. La relation que le garçon tisse peu à peu avec la vieille dame qu’il doit aider est assez touchante. De même, derrière la pression que le père met sur Ben pour qu’il soit « un homme » se trouve toute la question de la définition de la « virilité » et de la transmission père-fils fondée sur une image bien particulière de ce que doit être un homme. Les stéréotypes de genre constituent finalement le fil rouge du roman : Peut-on être un garçon et faire du tricot ?
* * *
En bref, un roman léger, drôle, bien écrit, qui nous propose de suivre les tracas d’un ado, de sa famille un peu trop bizarre, de ses amis désespérants, de ses difficultés avec les filles. Surtout, un ado qui a le malheur de se prendre de passion pour l’activité la moins bankable du siècle, le tricot ! Sujet inédit de la littérature jeunesse !
Effectivement, la couverture n’est pas terrible mais l’histoire à l’air plutôt rigolote !
J’aimeAimé par 1 personne
C’est dur de ne pas se fier à la couverture, mais parfois ça vaut vraiment le coup ! 🙂
J’aimeJ’aime
Ah mais je proteste, le tricot revient carrément à la mode ! YouTube pullule de tutos de toutes sortes ! Malheureusement je ne suis pas douée et mes réalisations sont extrêmement basiques, mais je trouve que c’est un passe-temps qui mérite d’être revalorisé 🙂
J’aimeAimé par 1 personne
Je suis totalement d’accord avec toi ! D’ailleurs le roman parle aussi du fait que cela revient à la mode, y compris chez les jeunes ! J’aimerais beaucoup m’y mettre cet été, même si je ne sais pas si j’arriverai à faire quelque chose de bien !
J’aimeAimé par 1 personne
Pingback: * C’est l’heure du bilan ! [avril 2018] * | Petite Plume
Pingback: Ne vous fiez pas aux apparences – Ces couvertures moches |
Pingback: Mes livres coups de cœur de 2018 |