Inséparables, Sarah Crossan

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Grace et Tippi. Tippi et Grace. Deux sœurs siamoises, deux ados inséparables, entrent au lycée pour la première fois. Comme toujours, elles se soutiennent face à l’intolérance, la peur, la pitié. Et, envers et contre tout, elles vivent ! Mais lorsque Grace tombe amoureuse, son monde vacille. Pourra-t-elle jamais avoir une vie qui n’appartienne qu’à elle ?

* * *

[Cette semaine, la chronique a un jour de retard. Au départ, je comptais rédiger ma chronique mercredi après-midi et la poster dans la foulée, mais la journée a filé a toute vitesse et il a vite été 22h sans qu’un seul mot n’ait encore été écrit. Et comme ça m’étonnerait que beaucoup de lecteurs consultent des blogs à 23h, je me suis dit que ce n’était pas la peine de me presser pour la sortir coûte que coûte le jour J !]

Je reviens donc après une bonne nuit de sommeil avec un phénomène de la blogosphère que j’ai lu dans le cadre du Prix littéraire des chroniqueurs du Web. Je dois avouer que, malgré les éloges entendus, Inséparables ne me branchait pas trop. J’avais un peu peur du sujet traité, assez particulier. Mais puisqu’il faisait partie de la sélection, je l’ai emprunté à la bibliothèque. Verdict ? Il ne me reste plus qu’à l’acheter !

Première chose qui m’avait échappée dans les chroniques lues par-ci-par-là, le roman est écrit en vers libres. Cela aurait pu me rebuter si je n’avais pas tout de suite remarqué que la traduction était signée Clémentine Beauvais, l’auteur de Songe à la douceur dont la plume, tout aussi librement poétique, m’avait tant plu. En réalité, comme il s’agit de vers libres, il n’y a pas de rimes ou de mètre fixe qui alourdissent la lecture. On garde l’esprit de la poésie, la mise en page, et loin de nous gêner, cela ajoute une émotion et une intensité au texte.

Grace et Tippi sont deux sœurs siamoises. Cela doit être la première fois que je vois ce sujet abordé dans la littérature. C’est un merveilleux témoignage sur ce que ces personnes vivent. J’ai appris énormément sur cette pathologie (issue d’une grossesse gémellaire anormale), sur ce que cela implique au plan médical, sur la façon de le gérer au quotidien, sur la manière dont elles le vivent physiquement et psychologiquement. Au-delà de cette spécificité, Inséparables nous parle surtout de la différence et de la difficulté d’affronter le regard des autres. Grace et Tippi sont sans cesse confrontées à la réaction des gens qui les observent comme des bêtes de scène, qui leurs posent des questions indiscrètes et leur font des remarques déplacées, qui veulent les toucher. Elles n’aspirent qu’à se faire oublier, évoluer dans le monde comme tout un chacun – vivre une vie normale.

Vivre une vie normale, c’est aussi avoir de l’intimité et connaitre des relations amoureuses. Mais cela, c’est impossible. Etre en couple, c’est être deux, et non trois… Alors lorsque Grace tombe amoureuse, arrivent les tensions, les questionnements et les remises en question. Sans compter les problèmes de santé qui viennent tout chambouler…

Les personnages secondaires sont tout aussi attachants et ajoutent un peu d’humour et de légèreté. Yasmeen et Jon sont aussi des personnes un peu à part et prennent tout de suite les sœurs sous leurs ailes à leur arrivée au lycée. Ils leur apportent une bouffée de normalité dans leur quotidien et leur permettent de connaître la vraie amitié.

J’ai apprécié que le roman accorde une place significative au cadre familial et, dans une certaine mesure, à des soucis que des personnes lambdas peuvent rencontrer : les problèmes de famille, les difficultés financières, les disputes des parents, la dangereuse tendance du père à se réfugier dans l’alcool… On entrevoit aussi la délicate position de la troisième sœur, « Dragon », qui a la chance d’être en bonne santé mais est nécessairement à l’écart du duo et souffre aussi des commentaires des autres.

Pour finir, Inséparables, c’est l’histoire d’une très belle relation entre sœurs, fusionnelle dans tous les sens du terme, subie autant qu’indispensable. Certes, le fait d’être attaché leur pèse parfois, quand elles aimeraient être seules, quand elles n’ont pas envie de faire ce que l’autre veut. Mais pour rien au monde elles ne voudraient être séparées ; c’est comme ça qu’elles ont toujours vécu, avec la présence de l’autre à leur côté.

Le roman se dévore – il fait 400 pages, mais en vers cela compte moitié moins. Une fois commencé, impossible de le lâcher, je l’ai lu d’une traite en une soirée. L’ensemble est incroyablement touchant.

C’est beau, c’est triste, c’est émouvant.

C’est à lire.

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[Lu dans le cadre du Prix littéraire des chroniqueurs Web 2017]

 

 

 

15 réflexions sur “Inséparables, Sarah Crossan

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  2. Tu as les mots justes pour nous donner envie de lire ce livre !! Je l’ai beaucoup vu passer sur la blog sans qu’il ne m’intéresse plus que ça, mais après ton avis je n’ai qu’une envie : me précipiter dans une librairie.

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