La terre des mensonges, Anne B. Ragde

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Quelques jours avant Noël, en Norvège, dans une ferme délabrée de Trondheim, Anna Neshov se meurt. Ses trois fils et leur père se retrouvent alors réunis dans la ferme familiale. Les retrouvailles s’annoncent tendues pour les frères que tout séparent et que les années ont éloigné. La présence de la petite-fille, Torunn, relance les tensions et fait émerger des secrets de famille…

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Voilà un roman déconcertant ! Est-ce son côté scandinave ? Des paysages, des lieux et des coutumes qui nous sont étrangers ? Sans doute, mais il y a aussi fort à parier que cela tient à la plume de l’auteur !

L’atmosphère, nordique, est assez particulière et m’a mise un peu mal à l’aise. Il flottait une ambiance  inhospitalière, glaciale comme la neige omniprésente dans le paysage. On débute par un suicide, on poursuit par des enterrements, l’hôpital, la misère… Rien de bien réjouissant !

Le début est assez long, on ne comprend pas trop où l’auteur veut en venir, car elle prend vraiment le temps d’installer ses personnages, de nous expliquer qui sont ces frères, leur caractère, leur profession, leurs relations. Il y a Margido, qui dirige une entreprise de pompes funèbres, Tor, l’aîné, qui n’a pas quitté la ferme familiale et se consacre corps et âme à son élevage de porcs, et enfin Erlend, le fils rejeté ayant fui sa famille pour se construire une nouvelle vie en tant que décorateur de vitrines à Copenhague.

Cela dit, les choses s’arrangent dans la deuxième partie du roman. J’ai été touchée par les personnages, et je dois bien reconnaître que c’est sans doute dû au tableau approfondi qui en est dressé. Ils ont chacun leur histoire, leurs difficultés et leurs faiblesses. La description de la ferme des Neshov, perdue dans un coin reculée de Norvège, insalubre et miséreuse, est saisissante. Je me suis donc d’autant plus attachée à Tor, le fils fidèle, pauvre mais plein de dignité, qui se passionne pour son élevage et se bat pour faire vivre la ferme telle qu’elle existait auparavant. Erlend aussi a une fragilité touchante au-delà de sa complaisance dans une vie d’opulence au Danemark. Il nous dit beaucoup sur les relations familiales. Bien qu’il ait tout fait pour oublier sa famille, dont la pauvreté, la saleté et l’illettrisme lui font honte, on sent que ce rejet cache une souffrance. Et que dire de ce père silencieux qui n’est que l’ombre de lui-même ? Et de Torunn, qui découvre à 37 ans sa famille paternelle, alors que son existence a été ignorée pendant des années ?

C’est malheureusement souvent dans les drames que les familles se réunissent, et on en a ici un exemple marquant. Au final, la disparition de la mère va être l’occasion pour cette famille éclatée de renouer des liens et, pour chacun, d’en découvrir plus sur les autres et l’histoire familiale. La révélation finale achève d’éveiller notre intérêt et nous donne nécessairement envie de lire la suite !

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En bref, La terre des mensonges sort vraiment de l’ordinaire. Il a quelque chose de dérangeant dans la situation et le caractère de ses personnages, et c’est justement cela qui le rend marquant pour le lecteur. A mon sens, il faut considérer le roman comme un tome d’introduction à la saga, et poursuivre la lecture des prochains tomes pour entrer réellement dans l’intrigue !

Verdict Une bonne suprise

14 réflexions sur “La terre des mensonges, Anne B. Ragde

  1. Je ne sais pas qui t’a offert ce roman (^^), mais c’est super que tu l’aies aimé ! La suite de la saga est elle aussi très intéressante de mon point de vue, donc si tu as l’occasion de les lire je serai ravie de savoir ce que tu en penses 🙂

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