Sous le regard émerveillé de leur fils, ils dansent sur «Mr. Bojangles» de Nina Simone. Leur amour est magique, vertigineux, une fête perpétuelle. Chez eux, il n’y a de place que pour le plaisir, la fantaisie et les amis.
Celle qui donne le ton, qui mène le bal, c’est la mère, feu follet imprévisible et extravagant. C’est elle qui a adopté le quatrième membre de la famille, Mlle Superfétatoire, un grand oiseau exotique qui déambule dans l’appartement. C’est elle qui n’a de cesse de les entraîner dans un tourbillon de poésie et de chimères. Un jour, pourtant, elle va trop loin. Et père et fils feront tout pour éviter l’inéluctable, pour que la fête continue, coûte que coûte. L’amour fou n’a jamais si bien porté son nom.
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Alors là, je ne compte plus les millions de fois où j’ai vu passer ce livre sur la blogosphère, dans des chroniques hyper enthousiastes. En attendant Bojangles est un des phénomènes de la rentrée littéraire 2016.
Ce roman a la particularité d’être très court et très dense, puisqu’en 150 pages on a à peine le temps de découvrir cette famille atypique et de la voir éclater.
Sans doute cela est-il un peu court pour moi. J’ai regretté que le cadre ne soit pas mieux posé au début. On est immergé sans préambule dans le quotidien déjanté de leur famille, et j’ai été un peu perdue en commençant ma lecture. Fantaisie et excentricité sont les maîtres mots de la famille, surtout de la mère. Extravagante, enjouée, elle mène sa vie selon ses propres règles et apprend à son fils à ne pas suivre les codes de la société. Néanmoins, je n’ai pas été charmée par cette étrangeté et j’ai regretté que les personnages soient trop caricaturaux.
En réalité, j’ai beaucoup plus apprécié ma lecture à partir de la deuxième partie du roman, lorsque l’on comprend réellement ce qu’il se passe. J’ai peu ri, mais j’ai été émue quand on se rend compte que leur monde ne fonctionne que grâce à un équilibre fragile fait d’apparences et d’illusions.
Le tournant pris par l’auteur est à la fois beau et tragique. Je ne peux pas dire que j’ai été conquise par cette famille, ayant du mal à voir le charme dans la folie et plus sensible à la détresse de l’enfant. Mon malaise provenait, au début, de l’irresponsabilité de la mère et du cautionnement du père, alors qu’on voit au milieu l’enfant sentir que quelque chose de grave se trame derrière les apparences. J’ai été gênée que l’on présente une maladie comme une sorte de choix de vie que l’on pourrait inculquer à ses enfants. Car il y a pour moi deux choses à bien distinguer.
Mais sans doute ce point de vue original sur la folie, à la fois farfelu et tragique, est le point fort du roman. Le lecteur ne peut qu’être touché par l’amour immense que porte le mari à sa femme. Prêt à tout pour préserver sa femme qu’il aime malgré sa maladie, il joue le jeu, accepte ses frasques et chérit sa folie même si cela lui demande d’oublier la normalité. Et le point de vue naïf de l’enfant renforce le drame derrière la gaieté.
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En bref, j’ai apprécié l’originalité du roman et la plume de l’auteur (c’est son premier roman, voilà un talent à suivre !), même si vous aurez compris que je suis loin du coup de cœur. Certains aspects m’ont un peu gênée, mais En attendant Bojangles a su m’émouvoir.
Comme toi, je vois ce livre un peu partout. Et du coup, j’ai bien envie de le lire pour me faire mon propre avis ! 🙂
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Il est court en plus, donc ça vaut le coup 🙂
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Ta critique est intéressante ; je suis néanmoins à contre-courant : je n’ai pas accroché avec ce roman, dommage !
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A vrai dire, il y a pas mal de points avec lesquels je n’ai pas accroché non plus. Mais j’ai trouvé la fin touchante et j’ai bien aimé l’écriture de l’auteur !
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Je vais bien finir par lire cet ouvrage un jour. C’est vrai qu’on en dit beaucoup de bien, mais je me méfie ^^ D’ailleurs, ta chronique vient un peu contrebalancer tout ce que j’ai pu lire dans d’autres articles. On verra donc ce que ça donnera ! (Faut déjà que je me procure ce livre, et comme j’essaie de me retenir dans mes achats livresques, ce n’est pas demain la veille)
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Je l’ai trouvé à la bibliothèque personnellement, j’étais fière de pas avoir cédé à l’achat haha !
C’est vrai que jai vu des avis beaucoup plus conquis, mais comme toi en général je me méfie, c’est le risque d’être déçu à tous les coups !
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Quand il y a beaucoup d’éloges, on s’attend à quelque chose de sublime. Et la déception n’en est que plus douloureuse ^^
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